Répression sanglante des manifestations du 17 octobre 1961: Elus algériens et français côte à côte pour commémorer le 53e anniversaire à Paris

Article publié sur Reporters.dz

Des deux côtés de la Méditerranée, on s’apprête à commémorer demain le cinquante-troisième anniversaire de la répression de la manifestation du 17 octobre 1961. Et, pour la première fois, une cérémonie se déroulera en France en présence de députés algériens et français.

L’initiative en revient au député socialiste français de la 9e circonscription des Français de l’étranger (zone Maghreb-Afrique de l’Ouest, dont l’Algérie), Pouria Amirshahi. Dans un communiqué qui nous est parvenu, il a affirmé que sera commémoré « le 53e anniversaire de la répression sanglante des manifestations du 17 octobre 1961 à Paris ». Le député a d’ailleurs voulu œuvrer dans le sens d’une certaine vérité historique. « Suite à l’instauration d’un couvre-feu à l’encontre des seuls Nord-Africains par le préfet de police, Maurice Papon, des milliers d’Algériens, mais aussi de Français décidèrent de manifester pacifiquement. Le bilan de la répression fut terrible : plusieurs milliers d’arrestations, plusieurs centaines de morts noyés dans la Seine ou frappés à mort.

Le 17 octobre 2012, le président de la République française a rendu « hommage à la mémoire des victimes » reconnaissant ainsi officiellement la responsabilité de l’État français », a-t-il expliqué. Pouria Amirshahi a dit qu’il se rendrait aux cérémonies qui se dérouleront donc demain dans la capitale française, avec, pour la première fois, la présence d’élus algériens. « Comme je l’avais moi-même proposé officiellement, une délégation de parlementaires algériens membres du groupe d’amitié Algérie-France de l’Assemblée populaire nationale algérienne sera associée et présente pour la première fois à l’occasion des commémorations du 17 octobre 1961 », a-t-il indiqué, avant de rappeler que « ces commémorations communes sont un évènement d’ores et déjà historique. Elles favorisent, deux ans après la reconnaissance de cette répression par la République française, le travail de mémoire et la perspective d’une fraternité retrouvée entre le peuple algérien et le peuple français ». En 2002 déjà, Pouria Amirshahi avait souhaité que « cet évènement tragique de notre histoire soit officiellement reconnu par la République, en mémoire de toutes les victimes et dans la perspective d’une fraternité retrouvée entre le peuple français et le peuple algérien ». Allons-nous vers une reconnaissance effective de ces massacres qui, telle une cicatrice, ne cessent de hanter les mémoires algéro-françaises ? L’avenir nous le dira, mais cette présence conjointe de députés algériens et français pourrait constituer un pas de plus.

L’Algérie rend hommage aux martyrs

Par ailleurs, toujours à l’occasion de la commémoration des événements du 17 octobre 1961, le ministère algérien des Affaires étrangères a, dans un communiqué, rappelé cette étape douloureuse de l’histoire de l’Algérie.

« Encore aujourd’hui, c’est un sentiment d’horreur qu’inspire la répression policière féroce qui s’est abattue sur des civils innocents, dont le seul tort a été de manifester pour la dignité et la réalisation des droits légitimes du peuple algérien ainsi que des droits de l’homme les plus élémentaires », a indiqué le ministère .

Par ailleurs, un « juste » hommage est dû aux intellectuels, militants et citoyens français qui se sont mobilisés « spontanément » et par « conviction » pour la défense de la cause algérienne et qui ont affirmé leur « pleine » solidarité face aux « exactions » et aux violences que les Algériens de France ont subies ce 17 octobre 1961, estime le ministère.

« Si les historiens et les chercheurs se sont saisis de ces événements et ont mis en relief les dérives policières qui l’ont caractérisé, l’on se félicite de la reconnaissance après des décennies de silence, de la nature des violences perpétrées contre des civils innocents et les nombreuses victimes, dont nous tenons à honorer la mémoire », a noté le communiqué du MAE.

« La commémoration de la journée du 17 octobre rappelle aussi les sacrifices passés, l’attachement et l’engagement permanent des membres de la communauté nationale établie à l’étranger en faveur de l’Algérie, de ses institutions, de son développement socioéconomique, de sa stabilité interne et de sa résonance à l’internationale », a ajouté le document.

Noël Boussaha


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