Vingt ans de la loi du 4 août 1994 : où en est la langue française ?

J’ai participé, lundi 13 octobre, à la célébration des vingt ans de la loi du 4 août 1994, plus connue sous le nom de loi Toubon, destinée à assurer l’utilisation prioritaire de la langue française dans l’espace public. Etaient présents entre autres Madame la Ministre et Sénatrice Catherine Tasca, Bernard Cassen, ancien directeur général du Monde Diplomatique, Robert Vézina, président directeur général de l’Office québécois de la langue française (la langue québécoise) et, bien sûr, Monsieur Toubon. Fleur Pellerin, ministre de la Culture, a conclu les travaux.

Cet événement a été l’occasion de faire se croiser de multiples voix expertes ou militantes, toutes désireuses d’une meilleure application de cette loi qui, malheureusement, n’est pas assez respectée.

On constate en effet parfois une désinvolture des élites et des représentants officiels de la France à l’égard de notre langue, qui se croient obligés de parler l’anglais quand personne ne le leur demande et alors même que les traductions sont possibles et disponibles. Les exemples au sein des institutions internationales telles que l’Union Européenne et l’ONU, mais aussi à l’occasion de grandes conférences patronales n’ont pas manqué.

Des chefs d’entreprises ont renoncé depuis longtemps à utiliser la langue française dans leurs réunions d’équipe comme dans leur communication publicitaire, quand leurs homologues espagnols ou arabes assument leur langue.

Une énième circulaire ne suffira pas, pas plus qu’il n’est utile d’utiliser des arguments désuets. Il faut sans doute, au-delà d’une inlassable plaidoirie indispensable, renforcer la loi dans quelques domaines : en premier lieu transmettre dès l’école les textes et les noms des auteurs francophones ; ensuite renforcer les pouvoirs et les moyens de la DGLFF (Délégation générale à la Langue française et aux langues de France) à l’égard de contrevenants, en s’inspirant de l’OQLF (Office québécois de la Langue Française) qui peut le plus souvent convaincre très souvent par le dialogue et la médiation.

Au-delà de nos propres frontières, défendre la langue française c’est également défendre le projet d’un espace géolinguistique francophone dynamique qui réunit aujourd’hui plus de 250 millions de francophones et pourra, si les systèmes éducatifs existent vraiment, atteindre 700 millions de francophones en 2050. La francophonie révèle des potentiels extraordinaires, qui ne demandent qu’à être cultivés par…les francophones. C’est tout le sens d’une nouvelle alliance internationale francophone devenue selon moi nécessaire et dont je fais état dans mon rapport parlementaire.

Dans cette nouvelle stratégie, quelques projets prioritaires et structurants peuvent être déterminants : j’ai évoqué en particulier l’idée d’une grande revue scientifique francophone internationale qui, en dix ans, peut devenir une référence internationale.

Je tiens à remercier Monsieur Xavier North, délégué général à la langue française et aux langues de France au Ministère de la Culture, et toute son équipe, qui ont su rassembler largement autour de ce bel enjeu.


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