«  Mouvement commun », Podemos à la française

Voici l’article sur le Mouvement Commun paru dans les Echos le 8 novembre 2015 :

 

«  Mouvement commun », le Podemos à la française des frondeurs du PS

 

Le député PS Pouria Amirshahi lance, avec Noël Mamère et Marie-Noëlle Lienemann notamment, une initiative politico-citoyenne visant à rapprocher les élus de la société civile et à nourrir le débat idéologique à gauche.

 

Un « lobby citoyen ». L’expression vient de journalistes, mais Pouria Amirshahi l’a reprise à son compte. Le député PS des Français de l’étranger vient de lancer le Mouvement commun , une initiative visant à rapprocher les élus de la société civile et à régénérer le débat d’idées à gauche. Il y a d’abord un manifeste – signé par plus de 1.500 personnes près d’une semaine après sa publication, puis un « événement fondateur », dimanche à la Parole errante, à Montreuil (Seine-Saint-Denis).

« Conscients, définitivement, qu’un nouveau modèle de développement doit émerger, nous proposons une autre parole politique et une autre façon d’agir : sincère avec elle-même, confiante envers les citoyens, concrète dans ses projets et pragmatique dans ses méthodes », affirme le manifeste du Mouvement commun.

Donner des idées à la gauche

Noël Mamère (EELV), Marie-Noëlle Lienemann, Pierre Laurent (PCF) : de nombreux élus de gauche et « frondeurs » du PS se sont ralliés à Pouria Amirshahi, qui tient à une initiative transpartisane. Pour le député EELV de la Gironde Noël Mamère, le Mouvement commun répond à un besoin de « revitalisation de la gauche sur (des) valeurs et (des) convictions  » communes : une vision citoyenne de la politique, l’écologie, l’égalité. Tous s’entendent sur une même critique de la politique du gouvernement et sur le constat d’un manque d’idées nouvelles, d’une bataille idéologique en passe d’être perdue à gauche.

Pour Pouria Amirshahi, il ne s’agit pas, pour autant, de créer un nouveau parti : les partis sont « fatigués et fatigants », « à bout de souffle », et l’élu refuse de s’inscrire dans le jeu électoral, fustigeant « le poison présidentiel » de 2017. Pour Julien Bayou, porte-parole d’EELV et signataire du manifeste, il y a au contraire urgence : « Il faut avancer rapidement sur les grands thèmes de convergence », en vue de l’organisation d’une large primaire à gauche pour 2017 .

Rapprocher les élus des citoyens

L’inspirateur de Pouria Amirshahi ? Le mouvement Podemos, issu des manifestations des « indignés » espagnols en janvier 2014. Un mouvement citoyen devenu une force politique et électorale. Tout comme lui, le Mouvement commun ambitionne de rapprocher les élus des citoyens et du monde associatif, pour « se réapproprier une souveraineté perdue ». Le constat est unanimement partagé. Dans une tribune parue le 31 mars sur le site du « Monde » , le politologue spécialiste du PS Rémi Lefèbvre raconte la perte des liens du PS avec le tissu local et associatif, ainsi que la baisse de son nombre d’adhérents, au fur et à mesure de la professionnalisation de ses élus. Ce phénomène touche aussi l’autre mastodonte de la politique française, Les Républicains, signe d’une baisse de la confiance dans les partis.

Preuve que le débat est dans l’air du temps : plusieurs initiatives politico-citoyennes, elles aussi centrées sur des principes fondamentaux de la gauche, ont émergé ces dernières années. Le collectif Roosevelt , composé d’intellectuels comme Edgar Morin et d’hommes politiques, se positionne également comme une alternative à la politique du quinquennat Hollande et propose des mesures d’urgence pour remédier à la crise. L’association Bleu blanc zèbre de l’écrivain Alexandre Jardin, dans une veine moins politisée et plus citoyenne, vise à mettre en avant des initiatives concrètes et locales. Et l’un des derniers nés, « Chantiers d’espoir » , entend également renouveler le débat idéologique à gauche.

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