Le 13 novembre 2015, une attaque terroriste frappait la France et faisait 132 morts (dont deux suicides survenus a posteriori) et plusieurs centaines de blessés à Paris, du Stade de France au Bataclan jusqu’aux terrasses de cafés du 10ème et du 11ème. Ce sont les attentats les plus meurtriers qui ont frappé le pays.
Dix ans après, j’aimerais rendre hommage à toutes les personnes qui ont perdu la vie ce soir-là, à leurs proches, ainsi qu’au personnel de santé et de secours qui ont vécu l’horreur.
Plus qu’une commémoration, il est nécessaire aujourd’hui de comprendre que ces morts, ce ne sont pas seulement les morts d’une folie assassine, conduite par des religieux obscurantistes : ce sont aussi les effets du désordre du monde, d’une géopolitique dans laquelle notre pays a aussi sa part. Guerres en Libye (2011), en Syrie (depuis 2014), effondrement voire faillite des États au Moyen-Orient, autant de nouvelles zones de non-droit où se développent les groupes armés, notamment djihadistes. Ressentiments et radicalisation prospèrent.
Certains États “partenaires” ont même soutenu ou financé des groupes extrémistes, comme c’est le cas de l’Arabie saoudite ou du Qatar dans les débuts de la guerre en Syrie. Cette contradiction entre intérêts économiques, stratégiques et valeurs universelles nourrit une dissonance morale et politique.

Photo AFP
Les victimes du 13 novembre sont à la fois les victimes directes du terrorisme et, symboliquement, de l’échec collectif à construire un ordre mondial plus juste. Ces attaques mettent en lumière l’errance morale dans nos choix de politique étrangère, entre quête de sécurité, interventionnisme et justice internationale.
Commémorer est indispensable pour honorer les mémoires de nos morts innocents un soir de match, un soir de concert, un soir de vie douce et tranquille fauchée par la haine. Comprendre l’est aussi pour repenser notre rôle, paroles et actes liés, dans le monde : notre politique étrangère, notre rapport aux mondes arabe mais aussi africain.
Plus que jamais une solution durable de paix et de concorde passe par une réelle politique de co-développement : le partage de l’accès aux ressources, aux connaissances et aux technologies ; le partage et le droit aux mêmes possibilités d’épanouissement et d’émancipation dans un monde incertain, où, à l’évidence, toutes les menaces, avec en premier lieu le réchauffement planétaire, nous poussent à la coopération, et non à l’accaparement ni aux guerres.
