Le 17 octobre 1961, alors que la guerre d’Algérie touche à sa fin, le Front de libération nationale algérien appelle à une manifestation pacifique dans les rues de Paris pour dénoncer le couvre-feu imposé quelques jours plus tôt aux Algériens et par extension à tous les Maghrébins. Le couvre-feu, mis en place par le préfet de police Maurice Papon, imposait aux Algériens de France de nombreuses restrictions comme l’interdiction de se rassembler, l’interdiction de sortir entre 20h30 et 5h30, l’interdiction pour les cafetiers d’ouvrir leur commerce au-delà de 19h…
Plus de 30 000 personnes -Français et Algériens confondus- sont dans les rues de Paris pour s’opposer à ce couvre-feu, mais aussi à la guerre et aux injustices coloniales.
La manifestation est réprimée dans le sang et fait entre 80 et 200 morts. Des cadavres sont retrouvés dans la Seine.
Voila des années que je participe aux commémorations, car la période coloniale, la décolonisation, et ses suites politiques font partie intégrante de notre histoire nationale, elles n’en sont pas une marge. Le déni de l’histoire c’est la négation de soi-même.
Il aura fallu attendre 2012 et l’élection de François Hollande pour que le massacre du 17 Octobre 1961 soit reconnu.
Continuons à nous souvenir ensemble. Sinon, les refoulés et les spasmes identitaires feront violences . Déjà, nous sentons les éclaboussures identitaires de nos aînés dans nos débats actuels : des Zemour et autres Ménard, relayés par une galaxie d’irresponsables de la nouvelle droite raciste et réactionnaire l’ont bien compris, qui s’organisent contre la réconciliation des mémoires.
Tenons bon. Encourageons les historiens et les chercheurs qui travaillent sur ces questions, les enseignants qui savent ce que l’histoire non dite a comme effets ravageurs, les communautés qui demandent que leurs histoires soient intégrées à l’histoire nationale, avec ce que celle-ci a de beau et de de laid. C’est cela, une république moderne.
Pour plus d’informations sur cet événement historique, je vous conseille fortement le documentaire « Octobre à Paris », de Jacques Panijel. Réalisé dans la foulée de la manifestation, ce film a été victime jusqu’en 1973 de la censure gouvernementale.