Assassinat de Thomas Sankara : je demande l’ouverture des archives françaises.

Assassinat de Thomas Sankara : je demande l’ouverture des archives françaises

Après une nouvelle rencontre avec les avocats et la famille de Thomas Sankara (la précédente rencontre avec la famille était en 2013) à Ouagadougou, j’ai transmis cette semaine une demande officielle au Président de la République François Hollande de levée des archives pour aider à l’établissement de la vérité au sujet de l’assassinat de l’ancien chef d’Etat Burkinabe.

Les relations entre le Burkina Faso et la France seront d’autant plus fortes qu’elles reposeront sur une mémoire transparente et partagée.

Le Président de la République a transmis mon courrier au Garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas.

Vous trouverez le courrier ci-dessous.

 

 

Monsieur François HOLLANDE

Président de la République

Présidence de la République – Palais de l’Elysée

55, rue du Faubourg Saint-Honoré

75008 Paris

 Paris, le 15 mars 2017

Monsieur le Président de la République,

Monsieur Sankara a été assassiné, avec douze de ses compagnons, le 15 octobre 1987. Près de trente ans plus tard, son meurtrier n’est toujours pas identifié.

Si le régime avait toujours refusé d’ouvrir une enquête sur cette mort, officiellement « naturelle », depuis l’arrivée d’un gouvernement de transition la justice burkinabè a ouvert une enquête. Le juge d’instruction François Yaméogo, chargé de cette enquête a par ailleurs lancé une commission rogatoire pour demander la levée du « secret défense » en France.

En effet, l’article L213-2 du Code du patrimoine stipule que les documents produits par l’administration française ne peuvent être lus que cinquante ans après leur création si ceux-ci « porte [nt] atteinte au secret de la défense nationale, aux intérêts fondamentaux de l’Etat dans la conduite de la politique extérieure, à la sûreté de l’Etat, à la sécurité publique, à la sécurité des personnes ou à la protection de la vie privée ».

L’articulation entre la sûreté de l’Etat, le droit au respect de la vie privée et la possibilité pour la société de se saisir des enjeux historiques est une question majeure dans un pays démocratique. Cet équilibre doit être trouvé afin que les historiens soient en mesure de faire le travail et assurer ainsi que l’écriture de l’Histoire ne soit pas instrumentalisée par les enjeux politiciens.

La France s’honorerait à aider la justice burkinabè. Je vous demande donc par la présente d’ouvrir les archives nationales concernant l’assassinat de Thomas Sankara.

Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération.

Pouria Amirshahi,

Député des Français de l’étranger (Maghreb/Afrique de l’Ouest)