Attitude honteuse du gouvernement français : démission de la ministre de l’Intérieur Mme Alliot-Marie

L’attitude du président de la République et de son gouvernement durant la crise tunisienne a été indigne de la France. Accablantes par leur silence, les autorités françaises n’avaient même pas daigné convoquer l’ambassadeur de Tunisie en France pour exiger l’arrêt des tirs tendus à balles réelles qui ont fait plusieurs dizaines de morts, donnant ainsi le sentiment de cautionner les exactions du régime policier de M. Ben Ali. Pire, au lieu de demander que soient entendues les revendications du peuple tunisien et de sa jeunesse et mis fin à la répression, elle a très officiellement proposé, par la voix de la ministre de l’Intérieur une coopération policière. Cette diplomatie du cynisme fait honte aux valeurs démocratiques que se doivent de défendre les représentants de la République française.

La responsabilité de la France, loin de s’immiscer dans les affaires intérieures d’un État, eut été, a minima, de demander des explications, de saisir l’Union européenne dans le cadre des accords de coopérations qui existent avec la Tunisie.

Sans faire preuve d’ingérence, dont le peuple tunisien n’avait d’ailleurs nullement besoin pour se libérer lui-même, le gouvernement français aurait du sans hésitation saisir l’opportunité d’un véritable changement et adopter un ton et un discours fermes. Au contraire, il a tourné le dos à la jeunesse tunisienne. C’est pourquoi Madame Alliot-Marie n’est à mon sens pas digne de continuer d’exercer ses fonctions de ministre des affaires étrangères. Je demande sa démission, d’autant plus nécessaire si la France veut assurer des relations constructives et positives avec la Tunisie renaissante.

Faisant fi des grandes déclarations sur l’imprescriptibilité des droits de l’Homme, pourtant tenus quand ça l’arrange, monsieur Sarkozy est passé totalement à côté de l’Histoire.

Depuis les émeutes du bassin minier de Gafsa en 2008 à sa prise de position du 30 décembre dernier en passant par le soutien apporté au journaliste Taoufik Ben Brick, le parti socialiste, ainsi que les partis de la gauche, avaient clairement pris le parti du droit et de la démocratie. En ne cessant de dénoncer la répression dont furent l’objet les opposants, les syndicalistes et les défenseurs des droits de l’Homme, le parti socialiste mais aussi toutes les forces de gauche ont montré que la France pouvait porter une autre voix.

Pouria AMIRSHAHI, Secrétaire national à la coopération, à la francophonie et aux Droits de l’Homme