Bilan du déplacement au Burkina Faso

J’étais en déplacement au Burkina Faso du 15 au 18 mars. Pays de habitants où résident plus de 3500 Français, le Burkina Faso a connu d’importants changements politiques, l’insurrection citoyenne de 2014 ayant laissé la place à un gouvernement transitoire et à un grand chantier d’écriture d’une nouvelle Constitution. Riche de son dynamisme citoyen et d’une multiplicité d’initiatives pour un développement non seulement juste mais durable, le Burkina Faso doit affronter l’enjeu croissant de la lutte contre le terrorisme. Un risque pour la stabilité du pays et de toute la région.  La communauté française est impliquée de multiples façons dans ce pays qui est à bien des égards à une heure de construction de son avenir. Voici en quelques points les différentes étapes de ce déplacement, auquel ont contribué le Consul, l’Ambassadeur et leur équipe. Qu’ils en soient vivement remerciés, de même que la conseillère consulaire Françoise Letang Yaméogo et toutes celles et ceux qui ont contribué à la réussite de ces quelques jours.

 

Rencontre avec les équipes du Consulat et visite du Centre médical international

A l’invitation du Consul de France Monsieur Jean Chanson, j’ai échangé dans les locaux du Consulat avec les équipes des différents services qui répondent aux besoins des usagers, tant des Français résidant au Burkina Faso (état civil, sécurité, aide sociale) que des Burkinabés (visas). J’ai pu me rendre compte à cette occasion du gain en fluidité occasionné par les travaux réalisés au Consulat pour améliorer l’accueil des usagers ainsi que l’impact de l’externalisation des demandes de rendez-vous pour les dépôts de demandes de visa.J’ai également pu constater les efforts faits en matière de sécurité et de recensement des Français par le Consulat. J’ai enfin abordé un point de préoccupation concernant l’annulation du vote électronique pour les élections de 2017.

J’ai eu également la possibilité de retourner au Centre médical international pour saluer les médecins dont le rôle majeur a été éprouvé, en particulier lors de l’attaque du Cappuccino en janvier 2016. Le Centre médical international dispose d’un personnel compétent et d’un matériel d’urgence, ainsi que de toutes les capacités pour assurer des soins généralistes de proximité. C’est depuis 2007 un établissement de soins privé, géré par l’AIS (association internationale de santé), dont le président Bruno Voron m’a fait part des enjeux actuels en matière de développement de l’activité globale, de partenariats, de gestion de crise et d’agrandissement.

Rencontre avec les avocats et la famille de Thomas Sankara

Après avoir rencontré la famille de Thomas Sankara en 2013, j’ai pu échanger lors de déplacement à Ouagadougou les avocats et la famille de Thomas Sankara. Ces rendez-vous ont été l’occasion de faire le point sur les avancées et les blocages de l’enquête menée par le juge d’instruction François Yaméogo, qui a lancé une commission rogatoire pour demander la levée du « secret défense » en France. J’ai pour ma part transmis une demande officielle au président de la République François Hollande d’ouverture des archives pour aider à l’établissement de la vérité au sujet de l’assassinat de l’ancien chef d’État Burkinabé. Les relations entre le Burkina Faso et la France seront d’autant plus fortes qu’elles reposeront sur une mémoire transparente et partagée.

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Rencontre avec le Balai citoyen, des web-activistes et blogueurs

J’ai eu un riche temps d’échange avec les membres du Balai citoyen, mouvement fondé en 2013 et qui a été en première ligne de l’insurrection populaire ayant contraint le président Compaoré à quitter le pouvoir en octobre 2014. J’ai constaté lors de ce rendez-vous les changements profonds qu’ont connu les populations burkinabè, davantage engagées depuis cette période dans un processus de contrôle de la chose publique, de veille populaire et de revendications quant au fonctionnement de la vie politique. L’alternance consacrée et des citoyens les yeux ouverts.

Mes échanges avec les web-activistes et blogueurs d’Open Burkina, à l’origine de la Constitution citoyenne, m’amènent au même constat : des initiatives foisonnent et de grande qualité, pour faire en sorte que la grande attente née de l’alternance ne soit pas déçue et approfondissent réellement la démocratie en commençant par une étape majeure : la transparence de l’action politique.

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Visite du centre de formation professionnelle du Comité Baoré Solidarité

Le Comité Baoré Solidarité est une association burkinabè basée à Kokologho dans la province du Boulkiemdé au sud de Ouagadougou. J’ai visité son centre de formation et de production agro-mécanique « Wendpenga », qui a bénéficié de l’appui financier du Service de coopération et d’action culturele (SCAC) de l’Ambassade de France au Burkina Faso. Ce centre forme des jeunes hommes et femmes aux métiers de la forge et de la soudure et les équipements agricoles qui y sont fabriqués sont vendus aux agriculteurs de la localité. Cela permet d’accroitre les rendements agricoles et pastoraux et de créer des emplois ruraux générateurs de revenus. Après leur formation, les jeunes sont accompagnés dans leur installation ou leur embauche.

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Visite de la centrale solaire de Zagtouli

Actuellement en constructiongrâce à un appui de l’Agence Française de Développement et du Fond européen de développement, la centre solaire de Zagtouli vise à augmenter l’offre d’électricité disponible au Burkina Faso tout en abaissant son cout (actuellement l’électricité est importée de Côte d’Ivoire et du Ghana) et orienter le pays dans la transition énergétique, pour qu’il puisse bénéficier d’une énergie propre et durable en mettant à profit ce qui est sa première ressource : le soleil. La centrale de Zagtouli sera la plus grande centrale solaire d’Afrique.

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Échanges avec la communauté française

Mes différents échanges avec la communauté française et en particulier avec des représentants de l’Association des Familles franco-burkinabè et de l’Association France Solidarité m’ont permis d’aborder spécifiquement plusieurs enjeux pour les résidents français au Burkina Faso. Tout d’abord, malgré quelques assouplissements ponctuels obtenus à ma demande comme la levée des frais de rétro-activité, l’accès à la protection sociale reste difficile en raison des tarifs d’adhésion à la Caisse des Français de l’Étranger (CFE). Les personnes retraitées ayant effectué la totalité de leur activité professionnelle hors de France ne bénéficient pas du tarif réduit proposé par la CFE aux retraités de droits français. La CFE devrait pouvoir reconnaitre le statut de retraités à ces personnes et les passer du tarif « sans activité » au tarif « retraité ». Par ailleurs, en l’absence d’accord bilatéral entre la France et le Burkina Faso, il n’est pas possible de cumuler les trimestres travaillés dans chacun des deux pays, ce qui implique un taux de pension de retraite bas dans chacun des deux pays. En raison de la différence d’âge de départ à la retraite entre les deux pays, une personne Française travaillant au Burkina Faso et ayant atteint à 60 ans l’âge de la retraite au Burkina Faso ne peut plus y travailler et doit attendre l’âge de 62 ans pour toucher sa retraite française. Cette difficulté importante pour nos concitoyens concernés pourrait être levée grâce à un accord bilatéral entre la France et le Burkina Faso.

J’ai également fait le point sur la situation des enfants nés de pères français et de mère non française, reconnus par eux puis abandonnés, le père ayant quitté le Burkina Faso. Pour les mères non françaises, il est obligatoire de passer par l’autorité centrale de leur pays de résidence (ici le ministère de la justice du Burkina Faso) pour obtenir le recouvrement des créances alimentaires dues.  En l’absence de paiement, le ministère des affaires étrangères français peut être saisie par le ministère burkinabè d’une procédure d’exécution forcée de la créance alimentaire à l’égard du père défaillant en France. Cette procédure longue et complexe est facilement abandonnée par des mères le plus souvent démunies. Il faut envisager une procédure plus simple.

Rencontre avec l’Association des Artistes Itinérants pour la défense des Droits Humains (AIDH)

J’ai eu le plaisir de rencontrer les membres de l’Association des Artistes Itinérants pour la défense des Droits Humains (AIDH) que j’ai soutenu cette année avec la réserve parlementaire. L’AIDH est constituée d’une troupe de théatre-forum qui sensibilise les populations sur les droits humains. Cette visite a été l’occasion de prendre connaissance du bilan des activités de l’association (en vidéo, en images et en diaporama), de faire le point sur les activités en cours et à venir, et d’assister à l’extrait d’un spectacle. Les spectacles alternent sketchs et poèmes et sont suivis de débats sur les scènes qui ont été présentées. Liberté d’expression, violences conjugales, excision, droit à l’alimentation, droit à l’eau, accès à la santé, scolarisation des filles et salaire décent sont quelques uns des sujets abordés lors des représentations. Après s’être produite à Ouagadougou et dans le sud-ouest du pays, la troupe monte actuellement, avec des pair éducateurs formés aux droits humains à cette occasion, un spectacle de ce type qui portera sur l’éducation des filles et sera joué à Tiébélé, dans le sud-est du Burkina Faso.

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