Nous avons poursuivi aujourd’hui à l’Assemblée nationale le débat budgétaire. A l’ordre du jour, la Recherche et l’Enseignement supérieur.
L’occasion pour moi de présenter un amendement concernant l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF). Par avance, pardon de la technicité de certains arguments, mais par définition, un débat budgétaire y échappe difficilement.
L’amendement que j’ai déposé a pour objet d’augmenter de 1 530 000 € en autorisations d’engagement et en crédits de paiements la contribution de l’État au financement de l’Agence Universitaire de la Francophonie. Cette somme est égale à la somme gelée par le Ministère des affaires étrangères (MAEE) cette année sur la subvention de base que reçoit l’AUF. Cette baisse de subventions obligerait l’AUF à travailler sur la base de 23 970 000 euros. Or, leur budget 2013 a été bâti en partant d’une subvention initialement annoncée de 25 500 000 euros. L’amendement vise donc à bien leur verser ces 25 500 000 euros.
L’Agence universitaire de la francophonie est un réseau mondial d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche francophones, qui participe activement à la consolidation de la francophonie dans le Monde. Avec sa soixantaine d’implantations – bureaux régionaux, antennes, instituts, campus numériques francophones – à travers les 5 continents et ses 420 agents, l’AUF représente le réseau universitaire international le plus important du monde.
L’appui du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR) à l’AUF, au-delà du concours qu’il apporte au financement de l’action de l’Agence, doit illustrer la convergence de la mission de l’AUF avec la politique française de développement et d’influence dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche. Le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche est le troisième budget de l’État. Il progresse pour la deuxième année consécutive. Ainsi, la hausse des crédits du MESR doit également profiter à l’AUF pour que l’Agence soit en mesure d’atteindre ses objectifs, en termes d’adhérents, de son réseau d’implantations mais aussi de ses programmes en cours.
Il faut noter que sur une période de sept années, de 2005 à 2012, les financements accordés annuellement à l’AUF par ses deux ministères de tutelle, le MESR et le Ministère des affaires étrangères, ont déjà diminué de 6,054 M€, soit une baisse enregistrée de -18,07 %.
La baisse des crédits alloués à l’AUF ne sont pas conformes aux ambitions affichées par le gouvernement en des occasions répétées et en particulier lors des XXème et XXIème conférences des ambassadeurs, durant lesquelles la diplomatie d’influence, culturelle et francophone a été érigée en fil conducteur de notre rayonnement et de notre relation au monde.
L’AUF est un véritable outil d’influence, attirant non seulement les membres de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) mais aussi des pays non membres de cette Francophonie traditionnelle comme le Brésil, l’Inde, l’Iran et l’Algérie. On avait entendu, lors du débat sur la loi d’Enseignement supérieur et de la Recherche, qu’il fallait parler anglais pour attirer les jeunes de ces pays. Les faits prouvent, au contraire, que les populations de ces pays qui souhaitent étudier en France veulent apprendre le français et sont demandeurs d’enseignement français. Soyons fiers d’avoir le français en partage, soyons ambitieux donnons les moyens à l’AUF de développer son action!
Il est intéressant de rappeler que la loi du 22 juillet 2013 et de l’Agenda stratégique France Europe 2020 ont donné priorité à la participation de la France aux grands programmes scientifiques internationaux. L’AUF est, dans ce domaine comme dans le renforcement des systèmes universitaires et de recherche des pays d’accueil, un opérateur incontournable. C’est le cas au Mali par exemple où l’AUF s’apprête à participer à la reconstruction de l’enseignement supérieur. Il existe aussi une francophonie tournée vers le développement et le partage de la valeur ajoutée entre le Nord et le Sud.
À l’heure où la recherche francophone, toutes disciplinés confondues, est de plus en plus marginalisée sous la pression des revues anglophones, notre engagement pour Francophonie, et au-delà pour la diversité culturelle et linguistique, doit être partie intégrante de notre système d’enseignement supérieur et de recherche.
Je souhaite porter une francophonie assurément tournée vers l’avenir, synonyme de projets communs, et de partage d’une langue. Il existe un espace francophone véritable, à la fois d’échanges scientifiques, éducatifs, culturels, économiques et diplomatiques. Donnons-nous les moyens, avec la passion des grands défis.
Une démarche commune
Suite à mon intervention en hémicycle, la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, s’est engagée à ce que nous engagions une action commune auprès du Ministère des affaires étrangères. En effet, la baisse des crédits alloués à l’AUF, à hauteur de 1 530 000 euros, est due au gel de la subvention versée par le MAEE, le Ministère de l’Enseignement et de la recherche ayant reconduit la ligne budgétaire de l’année passée. Un espace de négociation est encore ouvert dans le budget 2014. Je continue, donc.