Démission Alliot-Marie

En obtenant la démission de Michèle Alliot-Marie, monsieur Sarkozy prend tardivement conscience de l’impasse stratégique dans laquelle il avait engagé la Fance depuis plusieurs mois.

Cette démission, que je demande depuis le début de la crise tunisienne, était inéluctable, mais elle arrive alors que le mal est fait et que l’image de la France est gravement atteinte de l’autre côté de la méditerranée.

En retard et à rebours de chaque soulèvement populaire dans plusieurs pays du Moyen-Orient, depuis la révolution tunisienne jusqu’aux massacres des lybiens par le colonel Khadafi, la diplomatie française est désormais vide, emprunte d’erreurs d’analyses, de fautes lourdes et d’absence de vision.

La nouvelle donne qu’ont créée les peuples du Moyen Orient est un moment historique qui justifie que la France révise totalement ses choix. La possibilité d’extension de la démocratie, revendiquée par les peuples qui en ont été privé depuis trop longtemps, est une opportunité exceptionnelle pour bâtir une nouvelle ère du monde moderne.

La France et l’Union européenne doivent être aux avant-postes du soutien qui doit être apporté aux revendications démocratiques des peuples. Dans les plus brefs délais, des messages d’espoir et des actions diplomatiques doivent être rendus audibles et concrets. De la réussite des mouvements de contestation à l’oeuvre dans le monde arabe et persan dépendra une bonne part de la réussite des alternatives aux insécurités et aux désordres du monde.

Il est urgent pour la France de sortir des radars et de donner une autre image, après les périodes calamiteuses des années Kouchner-Alliot-Marie. Il est peu probable que Monsieur Sarkozy, qui a renoué avec la Françafrique et reste mu par une diplomatie du cynisme, entrouvre la porte de l’Histoire. Il faut seulement souhaiter que la diplomatie française sorte désormais des antichambres du secret et que les citoyens soient pleinement informés et associés aux grands choix qui sont fait en leur nom et au nom de nos valeurs universelles.

Pouria Amirshahi, Secrétaire national à la coopération, à la francophonie, au développement et aux droits de l’Homme.