De retour du Burkina Faso

Après plusieurs déplacements prévus puis finalement reportés par des obligations liées à la guerre au Mali et à la situation en Tunisie, je suis enfin arrivé à Ouagadougou le jeudi 18 avril 2013 pour trois jours. Pendant mon déplacement, j’ai tenu à rencontrer nos compatriotes et à comprendre leurs attentes ainsi qu’à m’entretenir avec les associations et les acteurs de la société civile. Je me suis également entretenu avec le Premier Ministre et le Ministre des Affaires étrangères. Je tiens à remercier notre ambassadeur, Monsieur Emmanuel Beth, la Consule générale, Madame Claudie Bucaïoni et le vice-consul Monsieur Louis-Vincent Gay ainsi que les services, pour avoir grandement facilité le déroulement de mon programme. Malheureusement, mon ami Daniel Granier ne pouvait être des nôtres cette semaine.

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Je vous livre ici mon carnet de notes, dans un style parfois télégraphique qui correspond à mes rencontres et mes impressions sur place. Le temps d’écrire, hélas, me manque…

Avant de vous livrer ces notes, rappel de quelques éléments (vous pouvez aussi relire les notes que j’avais prises lors de mon dernier déplacement.

Situation politique. Les élections municipales et législatives de décembre 2012 s’étaient semble-t-il déroulées dans de bonnes conditions. Renouvellement générationnel important, au sein du parti majoritaire notamment avec 80% de nouveaux députés. Opposition plus forte également avec une assemblée nationale qui se rééquilibre autour de 10 à 15 partis politiques. Dorénavant, c’est contre l’émiettement de cette opposition que les responsables burkinabè devront agir. Horizon 2015 – élection présidentielle. La candidature de l’actuel Président, Blaise Compoaré, au pouvoir depuis 27 ans, est souhaitée par ses plus fervents partisans et agitée comme une menace sur la démocratie par ses opposants les plus actifs. Elle serait selon moi une erreur, contraire aux intentions de passer le flambeau qu’avait exposé le président lui-même. Elle serait surtout anachronique, dans cette nouvelle Afrique démocratique émergente. A noter qu’il est prévu que les Burkinabè de l’étranger puissent voter à cette occasion.

Situation sécuritaire : 4 000 Français au Burkina Faso dont 3 000 à Ouagadougou. Une sensibilisation des Français, autour des chefs d’îlots et avec les tournées consulaires, a permis un apaisement de la situation suite à aux tensions dans la sous-région. Le pays, désormais classé en « zone jaune » avec une frange orange au Nord, profite d’une relative stabilité face à ses voisins. Mes compatriotes ne cesseront de plaider pour que « Paris » ne soit pas figée pas un esprit hyper sécuritaire, qui freine le tourisme autant que les investissements. Qui empêche surtout, la relation humaine. Ils m’ont entendu plusieurs fois, ainsi que mon camarade François Loncle, demander une plus grande souplesse dans l’établissement des cartographies sécuritaires. J’ai conscience que cette démarche n’est pas la plus audible ces jours-ci, écrivant ces lignes une semaine après l’attentat de Tripoli.

Développement du pays : Le Burkina Faso dispose de sous-sols riches, dont l’exploitation est louée à des sociétés (la France, hormis Total, est peu présente – comme me le rappelle l’ambassadeur, cela remonte au choix fondateur de de Gaulle de construire notre modèle énergétique autour du nucléaire…). Mais la situation de pauvreté et de sous équipements dans les grands domaines structurants (électricité et routes en particulier) reste très préoccupante. Certes le Burkina Faso va mieux depuis quelques années puisque son taux d’évolution en matière d’accès aux services primaires essentiels le classe 28ème sur 169. Mais il reste loin en queue de peloton : si on se fie à son IDH (Indice de développement humain) il est encore classé… 162ème … Tout passera par l’éducation, qui engloutit une partie importante des investissements publics – 76% taux de scolarisation et pourtant 65% d’analphabètes -, et par l’université qui apparaît, quant à elle, délaissée (cf. infra).