Je me suis rendu à Alger les 24 et 25 septembre à Alger, en compagnie de Nicole Bricq, Ministre du commerce extérieur. Avant que vous n’en lisiez le compte-rendu, je tiens à préciser que mon prochain déplacement, vraisemblablement en décembre, sera pleinement consacré à des rencontres avec la communauté française. Comme je l’ai fait au Maroc, j’organiserai des permanences parlementaires dans lesquelles je rencontrerai nos compatriotes, ce que, compte-tenu de l’emploi du temps très serré, je n’ai pu faire la semaine dernière.
J’ai heureusement pu rencontrer les élus représentants les Français d’Algérie, réunis par le Consul Général d’Alger M. Michel De Jaegher. J’ai ainsi pu échanger avec mon ami Fwad Hasnaoui et ses collègues Karim Dendène et Radya Rahal, avec qui nous travaillons en lien étroit. Nous avons abordé plusieurs sujets sur lesquels je reviendrai dans le cadre de mon activité parlementaire: les capacités d’accueil du LIAD à Alger, la question des biens immobiliers de Français établis en Algérie et la qualité des services publics consulaires en Algérie. J’ai également eu l’occasion de prononcer un rapide discours devant les personnels du Consulat, puis de ceux d’Ubifrance auxquels je tiens à rendre hommage pour le dévouement qui est le leur dans l’exercice de leurs missions, et qu’il convient sans doute de mieux reconnaitre.
Rencontres parlementaires:
Au cours de ce déplacement, je me suis entretenu avec M. Belkaem Belabbas, président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée populaire nationale, M. Brahim Boulahya, président de la commission des Affaires étrangères, de la coopération internationale et de la communauté algérienne à l’étranger du Conseil de la Nation, et plusieurs parlementaires.
Les échanges ont porté sur le développement des relations entre les sociétés civiles, projet que les parlementaires algériens et français peuvent porter. La coopération passe aussi par l’échange et la mobilité des personnes. Les chercheurs, les chefs d’entreprises, les étudiants, les artistes en particulier devraient être encouragés dans leurs projets. Quant aux visas de courts séjours, l’idée de faire un distinguo entre des séjours touristiques et des visites familiales, forcément plus fréquentes, a été évoquée.
Bien entendu, il ne saurait y avoir de dialogue entre algériens et français sans qu’il ne soit question de la Mémoire, de l’Histoire. J’avais, mes interlocuteurs s’en souvenaient, pris avec force position contre la loi de 2005 qui avait voulu consacrer les « bienfaits de la colonisation ». Mais nous avons convenu qu’il fallait avancer pour une vraie réconciliation. Dans cet esprit, trois propositions concrètes ont été faites:
– l’accueil d’une délégation de parlementaires à l’occasion de la commémoration du 17 octobre 1961
– la mise en place d’un groupe d’historiens algériens et français
– la redynamisation des relations parlementaires entre nos deux pays.
Je me suis engagé à faire avancer ces trois chantiers.
Quelles relations économiques?
Si d’un côté l’Algérie éprouve un réel besoin de développer son appareil productif, les Français sont soucieux de préserver les emplois industriels de l’Hexagone. Mais, plutôt que de se faire porter réciproquement la responsabilité de nos difficultés économiques (délocalisations, concurrences fondées sur le coût de main d’œuvre, etc.), la solution est clairement à chercher du côté d’une stratégie concertée de colocalisation industrielle, une question plusieurs fois abordée au cours des entretiens. L’Algérie a besoin d’investissement et à la fois, elle représente un débouché avec un fort potentiel pour nos entreprises. L’objectif est de parvenir à un partage intelligent de la valeur ajoutée au bénéfice de nos deux économies. Ce qui est possible. A mon sens, cela doit même constituer le cœur du grand projet Méditerranéen.
Les entretiens avec Mustapha Benbada, ministre du Commerce ainsi qu’avec Chérif Rahmani, ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement ont permis de mettre clairement sur la table les enjeux de coopération économique. Si la France reste le premier fournisseur et investisseur étranger en Algérie (hors hydrocarbures), notre poids économique baisse. A toute chose malheur est bon: c’est justement l’occasion de construire une nouvelle stratégie de partenariats économiques. C’est dans ce but qu’il a été annoncé l’instauration d’un dialogue permanent entre Paris et Alger sur les sujets commerciaux, par l’intermédiaire d’un groupe de liaison intergouvernemental qui identifiera notamment les secteurs stratégiques de collaboration. Il a également été question de l’organisation d’un forum d’entreprises franco-algérien en 2013, principalement ciblé sur les PME.
C’est évidemment avec des chefs d’entreprises algériens et français que nous avons aussi abordé cet enjeu stratégique. La Chambre de Commerce, l’Association pour le Développement et la Promotion de l’Entreprise (ADPE) ou encore Ubifrance ont pleinement contribué à ces réflexions.
J’ai voulu m’arrêter un instant sur un exemple: l’entreprise SEAAL (Société des Eaux et de l’Aménagement d’Alger), que le Directeur Général, Jean-Marc JAHN, a bien voulu nous présenter et nous faire visiter, accompagné de son équipe. Alger était il y moins de dix ans une ville en sous capacité de production et de distribution d’eau. Les pouvoirs publics en ont donc fait une priorité politique et ont engagé de très lourds investissements pour être, aujourd’hui, un exemple en la matière. Initialement centré sur la Wilaya d’Alger, le projet industriel a été étendu à celle de Tipaza. Pour mener à bien son projet, les Algériens se sont associés à Suez, qui a participé à ce partenariat par un transfert de technologie et de compétences, principalement managérial (formation et politique d’encadrement; valorisation des métiers, etc.) et opérationnel (assistance technique, télécontrôle, conception du réseau, etc.). Le défi d’équipement et de distribution d’eau aux standards internationaux a été atteint en moins de 5 ans, les prix n’ont pas été augmentés, et la coopération algéro-française a fonctionné et fonctionne encore de bout en bout, sur un projet de développement durable essentiel. Et des savoirs-faire technologique en matière de dessalement d’eau et de maîtrise robotisée des réseaux de distribution ont progressé de façon spectaculaire. Bref, une nouvelle fois, la coopération s’incarne dans des projets concrets.
Des projets concrets, qui passent par l’Humain d’abord
Nos compatriotes binationaux peuvent constituer un trait d’union essentiel de ce rapprochement en marche, un point de vue qu’ont partagé mes interlocuteurs. La question de la mobilité a également fait l’objet d’un consensus. Une nouvelle fois, j’ai plaidé en faveur d’une circulation facilitée des personnes, notamment via l’idée d’un passeport économique et culturel de la francophonie ou encore d’un Eramus francophone. La circulation des marchandises se fera en même temps que la circulation des personnes, et ce au service de la « Méditerranée de projets » qu’avait évoquée François Hollande lors de la Conférence des Ambassadeurs à Paris.
L’avenir de nos relations passe par la jeunesse. C’est elle qui le construira. J’ai pu ainsi visiter l’ESAA (l’Ecole Supérieur des Affaires d’Alger) et dialoguer avec une dizaine d’étudiants, dans une rencontre aussi sympathique qu’instructive que la direction de l’établissement a bien voulu organiser. Dans le même esprit, Ubifrance avait organisé une rencontre avec des jeunes Volontaires Internationaux en Entreprises (VIE), venus de France pour vivre une première expérience professionnelle à l’étranger. Autant de passerelles entres les âges, entre les rives… Je reviendrai sur ce point dans les prochaines semaines.