Dîner avec l’ambassadeur Antoine Sivan
Les invités principaux de ce dîner ont été:
- Othman Bensasi, directeur du Conseil national de transition
- Hassan Aldroe, vice-ministre de l’Industrie
- Mohamed Ali Wafa, urbaniste et professeur d’université
- Patrick Desseix, conseiller de coopération et d’action culturelle
La quasi-totalité de ce programme s’est effectuée en compagnie de Michelle Demessine, présidente du groupe d’amitié France-Libye au Sénat, et Denys Robiliard, président du groupe d’amitié France-Libye à l’Assemblée nationale.
Rencontre avec les députées libyennes
À l’initiative du service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France en Libye, nous avons rencontré une vingtaine de députées libyennes. Sur 200 députés, 33 femmes siègent au Congrès national général, soit presque 17% des parlementaires. Ce pourcentage, qui équivaut à celui du Congrès américain !, est trop faible. Toutefois, il reste encourageant pour la place des femmes dans la vie politique et la reconstruction de la Libye. Lors des échanges, qui se sont ouverts par des remerciements chaleureux adressés au peuple français, nos interlocutrices ont exprimé leur volonté d’être la voix de toutes les minorités qui ne sont pas représentées au Congrès. Plusieurs d’entre elles se sont ensuite arrêtées sur la « lutte acharnée » qu’elles ont menée pour y entrer. Elles ont cependant reconnu leur manque d’expérience. Pour cette raison, et parce que je suis convaincu de la nécessité d’accompagner les parlementaires libyens, je leur ai confirmé qu’elles étaient les bienvenues en France. Il faut en effet qu’elles fassent connaître leur combat auprès des populations française et européenne. Nous devons parallèlement œuvrer à un rapprochement des sociétés civiles française et libyenne. C’est, avant toute autre chose, par la compréhension mutuelle que nous construirons un avenir commun. Je sais que les groupes d’amitié du Sénat et de l’Assemblée nationale prendront des initiatives en ce sens dans les prochains mois.
Rencontre avec des chefs d’entreprises françaises
En compagnie de plusieurs chefs d’entreprise français – Daniel Valls, Vincent Dumont, Jean-Luc Mevel et Joël Marrouat – qui ont fait le choix de rester ou de revenir en Libye, nous avons discuté du positionnement économique de la France dans le pays. Malheureusement, il semble qu’il y est une certaine frilosité française malgré la présence de ces pionniers et alors que les opportunités sont nombreuses. À titre d’exemple, Joël Marrouat est présent en Libye depuis 1999, et dirige une société de construction qui emploie 25 salariés libyens, une réelle prouesse face à la concurrence turque. Au cours de la discussion, mes interlocuteurs ont particulièrement insisté sur la nécessité d’apporter un soutien politique aux entrepreneurs français présents en Libye. Je m’y emploierai. Au-delà, je suis convaincu que l’échange culturel, en vue d’une meilleure compréhension réciproque, est un complément incontournable de nos échanges économiques. L’un des plus dramatiques symptômes de cette frilosité réside dans l’absence d’une ligne aérienne directe entre Paris et Tripoli, alors que des liaisons directes existent entre la capitale libyenne et la plupart des capitales européennes (Rome, Londres, Berlin, etc.).
Mes interlocuteurs m’ont également alerté sur l’importance des visas pour les Libyens. Selon les services de l’ambassade, aux alentours d’un millier de visas sont délivrés par mois, avec un taux de refus d’environ 20%. Pour autant, avec la Libye comme avec les autres pays de la Méditerranée, nous devons organiser une nouvelle mobilité des personnes. La France jouit d’un a priori favorable. Mais notre frilosité, face à l’activisme turc et italien, pourrait en avoir raison. Afin d’aider les entreprises françaises à s’établir en Libye, l’idée, qui m’a été soumise, de créer un bureau d’accueil des entreprises françaises, le temps qu’elles prennent pied, me semble pertinente. La Libye a besoin de nouvelles infrastructures – les siennes datent des années 1970 –, et les entreprises françaises ont un réel savoir-faire en la matière. L’équipe de la mission économique, Marc Deballon et Guilhem Roger, ont enfin attiré mon attention sur les problèmes de financement à l’exportation des entreprises françaises. La nouvelle Banque publique d’investissement pourrait y remédier.
Institut français de Tripoli
Inscrit dans son quartier d’accueil, l’Institut français de Tripoli a été protégé par les habitants du quartier durant la révolution. Ainsi, les livres et autres médias ont été préservés grâce au concours des Libyens. L’implication de l’équipe pédagogique – neuf professeurs – et administrative fait réellement plaisir à voir. Certains sont là depuis plus d’une dizaine d’années. Leur volontarisme a permis une reprise et une croissance impressionnante du nombre de cours, notamment ceux destinés aux entreprises. Je veux saluer leur travail remarquable malgré les inquiétudes qu’ils ont formulées quant à leur sécurité.
L’institut accueille autant de filles que de garçons. Face à la forte demande locale, Béatrice Bertrand, directrice de l’Institut et auparavant en poste à Agadir (Maroc), m’a informé de son ambition de l’agrandir et d’ouvrir un deuxième site. Pour avoir pu échanger avec des élèves sur place, je peux à mon tour faire part de leur enthousiasme dans l’apprentissage de notre langue. Celui-ci est d’ailleurs confirmé par le nombre de demandes reçues par M. Moncef Amdouni, responsable Campus France.
Séance d’échange avec les députés
Dans le cadre d’un programme de l’Union européenne, j’ai participé à une session d’échange avec une trentaine de parlementaires libyens. À l’ordre du jour : le travail parlementaire, la représentation politique des citoyens, diverses questions d’ordre constitutionnel, la collaboration interparlementaire , les échanges entre nos sociétés civiles, l’implication de la société civile, etc. Au cours de l’échange, j’ai suggéré qu’un échange soit également établi entre les parlementaires libyens et tunisiens, qui eux aussi expérimentent un processus constituant.
Avec la communauté française de Tripoli
Environ une centaine de compatriotes ont participé à cette réunion, organisée à la résidence de l’ambassadeur. Ce fut pour moi l’occasion de présenter mon engagement parlementaire, comme je le fais lors de chaque déplacement. J’ai eu largement le temps d’échanger ensuite avec les uns et les autres, même si ma rencontre avec le consul fut trop brève.
Lycée français de Tripoli
Juste avant mon retour en France, j’ai visité l’école française de Tripoli, en compagnie de son directeur, Marc Ellul. À l’instar de l’Institut français, l’école française a été protégée par ses deux gardiens durant la révolution et les combats. Nous leur devons énormément. Elle est la seule école étrangère rouverte depuis la fin des combats et compte déjà plus de 150 élèves. Désormais, toutes les conditions sont réunies pour accueillir de nouveau les familles.
En compagnie de mes collègues parlementaires, j’ai visité le lycée français qui se situe à côté de l’ancienne ambassade de France. Nous nous sommes entretenus près de trois quarts d’heure avec l’ensemble des lycéens, dont presque la totalité était des Libyens ou binationaux. Une des élèves était désireuse de faire Sciences Po quand une autre se destinait à l’interprétariat. Diversité des ambitions, unité de l’intérêt pour la culture française ! Avec cette jeunesse qui aspire à l’émancipation, et qui compte bien demeurer en Libye pour participer au redressement du pays, nous avons discuté du rôle des parlementaires et des systèmes politiques en France et en Libye. Avant de les quitter, trop vite, pour filer vers l’aéroport, Denys Robiliard, Michelle Demessine et moi-même nous ne nous sommes permis qu’un seul conseil, de lecture, L’esprit des lois de Montesquieu.