Construire un monde meilleur dès 2015

En amont du Forum Economique Mondial de Davos, j’ai cosigné ce texte afin de mettre en avant les enjeux de lutte contre l’extrême pauvreté, les injustices et les changements climatiques et rappeler l’urgence de soutenir l’aide au développement

En 2014, nous nous sommes engagés pour que la France reste solidaire envers les plus pauvres de la planète. Nous avons défendu le budget d’aide au développement, déploré sa baisse continue et pointé des solutions pour l’augmenter de manière indolore, notamment à travers la taxe sur les transactions financières (TTF). 2014 est maintenant derrière nous, mais cela ne signifie pas que notre engagement se tarit. Tout au contraire. L’année 2015 ne doit pas être une année comme les autres, elle doit être l’année où la France et le monde redoublent d’efforts dans la lutte contre les inégalités, l’extrême pauvreté et pour la préservation de la planète. Elle doit entrer dans l’Histoire comme l’année où le monde a pris les choses en main pour s’assurer que les générations futures vivront dans un monde où l’extrême pauvreté aura été vaincue et les changements climatiques maîtrisés.

Plusieurs événements déterminants vont avoir lieu en 2015, dont les plus importants seront la conférence de l’ONU pour le financement du développement en juillet à Addis Abeba, l’assemblée générale des Nations unies qui décidera, en septembre, des nouveaux Objectifs de développement durable et le sommet Climat à Paris en décembre. D’autres retiendront également toute notre attention, par exemple un possible accord sur une TTF européenne en début d’année, ou le G7 sous présidence allemande en juin.

Lors de ces événements, les dirigeants du monde seront amenés à définir un plan commun pour réduire la mortalité materno-infantile, pour garantir l’accès à l’éducation pour toutes et tous, pour vaincre les grandes pandémies, pour permettre à tous les citoyens de bénéficier des ressources naturelles de leur pays en toute transparence et pour soutenir les populations qui doivent s’adapter au changement climatique. Ce plan ne peut souffrir de demi-mesure, il se doit d’être ambitieux si nous voulons réussir. Il n’est pas possible de ne s’attaquer qu’à un seul de ces enjeux en occultant les autres, ou de se concentrer sur une région en particulier, si nous voulons éradiquer l’extrême pauvreté. Tous ces maux sont liés et appellent une réponse globale. On ne peut pas avancer sur un sujet tout en risquant de reculer sur d’autres.

Il ne nous faut donc pas seulement un plan ambitieux. Les dirigeants doivent aussi se donner les moyens de réussir ce pari. Il faut mettre des chiffres en face de ces nouveaux objectifs de développement durable et de lutte contre le changement climatique. Sans financement, ces objectifs risqueraient de rester lettre morte et nous serons encore là dans quinze ans à nous demander pourquoi des gens meurent toujours de maladies évitables et de faim. Pourquoi nous n’avons pas tous les mêmes chances et les mêmes opportunités suivant sur quelle rive de la Méditerranée nous sommes nés. Pourquoi le changement climatique a continué à progresser et à changer la face de notre planète. Le constat est là, il faut désormais agir.

La France sera particulièrement sous les feux des projecteurs. Notre budget d’aide au développement est en recul depuis trop longtemps : – 11 % depuis 2011 si on inclut les financements innovants tels que la TTF. Nous, députés de tous bords politiques, nous battons chaque année pour éviter de nouvelles coupes car nous savons que ce ne sont pas quelques euros économisés sur un budget qui pèse moins de 1% du budget total qui permettront de redresser les finances de la France. Parce que nous savons aussi l’impact de cette aide. Elle est efficace et le prouve tous les jours. Un exemple concret : depuis 2000, Gavi, une alliance internationale pour la vaccination soutenue entre autres par la France, a permis de faire vacciner 440 millions d’enfants contre des maladies mortelles.

Au parlement, nous allons continuer à nous battre pour que la France contribue aux efforts internationaux de lutte contre l’extrême pauvreté et contre le changement climatique. Pour cela, la France doit être à la hauteur, sur tous les fronts. Certes, la lutte contre le changement climatique sera à l’honneur cette année à Paris et la France devra être au rendez-vous, mais la médiatisation d’une cause ne doit pas être le seul moteur de la politique de développement de la France. Comment pourrait-elle être leader sur les questions de climat si, dans le même temps, elle délaisse son aide vers les pays les plus pauvres ?

C’est une question de crédibilité que nous devons à nos partenaires mais aussi à nos concitoyens. Ils nous attendent au tournant et pour de bonnes raisons. La société civile se mobilise déjà à travers le monde pour se faire le relai des plus pauvres. Nous l’entendons et nous nous joignons à elle. Nous avons le devoir en tant que représentants politiques de partager leur vision d’un monde meilleur, mais aussi de faire en sorte qu’elle se réalise.

Noël Mamère, EELV
Pascal Cherki, PS
Jean-François Mancel, UMP
Yann Galut, PS
Eric Alauzet, EELV
Jean-René Marsac, PS
Philippe Noguès, PS
André Schneider, UMP
Philippe Baumel, PS
Jean-Marie Tétart, UMP
Nathalie Chabanne, PS
Dominique Potier, PS
Fanélie Carrey-Conte, PS
Isabelle Attard, Nouvelle Donne
Sergio Coronado, EELV
Pouria Amirshahi, PS
Laurence Abeille, EEL

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