Contre l’asphyxie culturelle, renforçons les quotas sur les radios françaises.

Contre l’asphyxie culturelle, renforçons les quotas sur les radios françaises

Si vous êtes un auditeur périodique de radios dites commerciales, vous avez probablement été interpellé par une campagne de mobilisation hostile à une disposition législative récemment adoptée par les députés. « Mobilisez-vous pour la liberté d’expression ! Écoutez ce que vous voulez sur vos radios préférées ! », peut-on entendre encore aujourd’hui sur les ondes.

Pire, certaines radios se sont arrogé le droit de négliger la législation qui s’impose à elles en ne diffusant plus aucun titre francophone l’espace d’une journée. Rappelons tout de même que les ondes hertziennes sont un espace public et qu’il est donc légitime à ce que les pouvoirs publics régulent son fonctionnement et son utilisation.
Ce matraquage, dont l’initiative est à mettre au crédit des radios appartenant aux groupes Lagardère ou aux radios indépendantes membres du SIRTI, fait écho à l’adoption d’un amendement dans le cadre des discussions relatives au projet de loi « Création, Architecture et Patrimoine », qui a été adopté en commission ce mercredi . En complément de la législation déjà existante, ce dernier entend « imposer » une plus grande mixité dans la diffusion sur les ondes hertziennes des titres francophones.

Cette campagne est d’autant plus trompeuse et manipulatrice qu’elle n’interroge à aucun moment sur la responsabilité que portent les radios commerciales dans le développement et la promotion de la culture francophone dans toute sa diversité.

Depuis plusieurs années maintenant, la diffusion des titres francophones a chuté de 24% en 7 ans sur nos radios. Comble de malhonnêteté, les dirigeants des grands groupes radiophoniques font désormais porter le chapeau aux artistes eux-mêmes qui ne chanteraient plus en français. Rien qu’en 2014, ce sont plus de 6700 nouveaux titres qui ont été interprétés dans notre langue. Des nouveaux artistes émergent aux quatre coins de l’hexagone grâce aux réseaux sociaux mais rarement grâce à l’appui de nos radios nationales. Pas étonnant dès lors qu’une grande partie du jeune public se tourne désormais vers les plateformes de « streaming » ; seuls espaces aujourd’hui où ils ont réellement le choix et l’opportunité de découvrir de nouveaux talents.

Depuis des années, la politique de quotas a permis à notre pays de préserver sa production nationale quand certains de nos voisins qui n’appliquent pas ce dispositif se sont vu submerger par le répertoire anglo-saxon. Il convient désormais de les renforcer ne serait-ce qu’en contraignant davantage les radios à appliquer la législation déjà existante.

La Francophonie regorge de talents. Il est du devoir et de la responsabilité des radios qui émettent sur les ondes hertziennes de faire vivre cette créativité. Le législateur n’a pas vocation à imposer aux radios les titres qu’elles entendent faire partager à leurs auditeurs. Bien au contraire. La loi, si elle est adoptée en l’état, nous protègera de l’asphyxie culturelle… Et cela pour le plus grand plaisir de nos oreilles.