Au lendemain de la déroute socialiste aux élections départementales, le député PS explique à LCP.fr pourquoi les frondeurs proposent un « contrat de rassemblement » de la gauche visant à infléchir la politique menée par l’exécutif.
Les frondeurs socialistes veulent infléchir la politique du gouvernement. Dimanche, au soir de la déroute subie par le Parti socialiste lors du second tour des élections départementales, le collectif « Vive la gauche ! » a publié un « contrat de rassemblement », dans lequel il propose un « agenda de réformes ».
Le frondeur Pouria Amirshahi, député PS des Français de l’étranger, revient sur le contenu de ce texte. Il réclame « de l’air » à François Hollande, estime que les personnes de « bonne volonté » à gauche doivent se « sentir libres » de se rassembler et n’exclut pas d’ouvrir le dialogue avec… Jean-Luc Mélenchon.
LCP.fr : Pourquoi proposer ce contrat de rassemblement ?
Pouria Amirshahi : Parce qu’il faut bien trouver une solution à la défaite électorale que nous venons de subir ! Il y a urgence, sauf à vouloir continuer dans cet enfermement incompréhensible qui n’est pas dans l’intérêt du pays. Les recettes du gouvernement, dans leur méthode et leurs effets, n’ont emporté ni l’enthousiasme ni la mobilisation des électeurs, et n’ont pas eu les résultats escomptés.
Nous proposons des solutions qui ont l’avantage de faire partie du projet socialiste tel qu’il existe aujourd’hui. Nous sommes dans l’état d’esprit de dialogue qui était déjà le nôtre il y a quinze jours, quand nous avons rencontré François Hollande. Nous préférons cela à la fermeté ou à la fermeture…
« Abandonner le 49.3 »
Concrètement, nous pensons qu’il faut redéfinir l’ordre des priorités, en donnant davantage de moyens pour les territoires, pour le logement. Il faut aussi annuler la baisse des dotations aux collectivités locales. Nous souhaitons un soutien massif et conditionné à l’investissement dans le secteur public et privé, encadrer l’évasion fiscale, mais aussi et surtout engager une transition énergique.
Nous demandons enfin un plus grand respect de la démocratie, un respect de la majorité et donc l’abandon du 49.3 (utilisé lors de l’adoption en première lecture du projet controversé de loi Macron, ndlr).
LCP.fr : Manuel Valls, qui s’est exprimé dimanche soir, ne semble pas avoir entendu votre appel et refuse de changer de cap politique…
Pouria Amirshahi : Nous avons publié nos propositions à 20 heures, le Premier ministre s’est exprimé à 20h04. A ce stade, il n’a donc pas lu nos propositions. Ce contrat de rassemblement, nous le soumettons à tous, y compris au président de la République. C’est lui qui est en situation de donner de l’air… A lui de créer les conditions d’un nouveau rassemblement de la gauche. Le moment qui s’ouvre est propice au rassemblement.
Quoi qu’il arrive, il nous restera deux ans pour préparer l’avenir et être libres de prendre des initiatives, sans se sentir prisonniers.
LCP.fr : Jean-Luc Mélenchon a appelé dimanche soir à la création d’une « nouvelle alliance populaire ». Accepteriez-vous de dialoguer avec lui ?
Pouria Amirshahi : Je n’ai aucune exclusive, contrairement à lui… Toute personne de bonne volonté doit pouvoir prendre l’initiative, tracer un chemin. Le moment qui s’ouvre va être propice au rassemblement. Nous nous rendrons utiles pour notre camp, en amendant les bonnes lois, en rejetant les mauvaises, en prenant des initiatives pour sortir de la logique économiste et comptable qui prédomine aujourd’hui.
Nous devons nous sentir libres de nous rassembler d’où que l’on vienne, sans pour autant donner d’injonction à quiconque de quitter son parti : la gauche est suffisamment divisée.
Propos recueillis par Maxence Kagni
Entretien également disponible sur le site de LCP