Espace francophone : pour une autre approche de la mobilité des personnes

Le professeur Oumar Sankharé, enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, seul agrégé africain de grammaire française, devait se rendre en France pour participer à l’organisation du «prix des 5 continents», dont il est le président du comité Afrique. Son visa a été refusé, ce qui conduit la communauté universitaire sénégalaise à de vives protestations.

Quelles que soient les raisons du refus de délivrance du visa, et le Consulat a très certainement des réserves objectives, les revendications des manifestants sénégalais illustrent l’impasse dans laquelle la France s’est enfermée depuis plusieurs années. Entre paranoïa et absence d’ambition pour lui-même, notre pays est prisonnier d’une absurde politique de visas aussi vexatoire pour les ressortissants de pays francophones que stupide pour lui-même.

Les contrôles nécessaires et la lutte contre les fraudes sont devenus le seul horizon de nos politiques publiques, confondant systématiquement le droit à la mobilité avec un «risque».

Le comble est atteint quand on sait que M. Sankharé est invité par l’ambassadeur de France à Dakar à être décoré des Palmes académiques. Malheureusement pour notre République, le professeur a désormais annoncé avoir décliné cette offre.

A l’heure d’une mondialisation aussi dangereuse qu’incertaine pour l’avenir de notre pays, le cas du professeur Sankharé est l’occasion de rappeler combien il est temps que la France formule un nouveau projet avec les peuples et les Etats francophones, qui doit d’abord reposer sur l’ambition partagée d’un nouvel espace économique et culturel commun. Il est urgent de tourner le dos à une stratégie de repli qui efface d’elle-même la France de la marche du Monde.

Je consacrerai les prochaines années toute mon énergie à faire émerger cette nouvelle ambition pour notre pays et la fraternelle amitié qui peut encore nous lier durablement avec de nombreux peuples du Monde. C’est dans cet esprit que je m’engagerai pour faire émerger de nouvelles propositions permettant aux ressortissants de pays francophones de se lier plus encore par une même communauté de destin. Ce chantier est devant nous. Se tendre la main plutôt que de se tourner le dos, voilà la nouvelle méthode qui doit incarner le changement.