Communiqué de Pouria Amirshahi et d’Alexis Bachelay :
La Préfecture de Police a décidé jeudi matin de procéder à l’évacuation d’une trentaine de Chibanis, des retraités algériens et marocains, qui résidaient depuis des années à l’Hôtel Voltaire, situé au 73 rue du Faubourg Saint-Antoine à Paris. La raison invoquée par la police est celle de la dangerosité du bâtiment, alors même que des solutions alternatives avaient été formulées par les chibanis eux-mêmes
Un usage, si important, des effectifs de police était-il nécessaire afin d’évacuer une trentaine de personnes âgées ? Afin de mieux comprendre les conditions dans lesquelles cette évacuation a eu lieu, nous avons immédiatement envoyé deux courriers au Préfet de Paris (en pièce jointe).
Nous nous réjouissons, que Ian Brossat, adjoint à la Mairie de Paris, ait affirmé que d’ici le 30 juin prochain, un logement sera attribué à chaque chibanis, « sans exception ». Nous n’oublions pas également qu’une vingtaine d’entre eux se sont d’ores et déjà vu attribuer un logement.
Aujourd’hui, un certain nombre de chibanis restent toujours en attente d’un logement. Nous demandons, solennellement, qu’une solution pérenne leur soit apportée au plus vite.
Au-delà de l’aspect symbolique de la prise en compte de la situation des chibanis, nous avons un véritable devoir moral envers ces hommes et ces femmes qui sont venus participer à la reconstruction et au dynamisme de notre pays dans la seconde moitié du vingtième siècle.
Préfecture de Police de Paris
Monsieur le Préfet – B BOUCAULT
9 Boulevard du Palais
75004 PARIS
Paris, le 19 février 2015
Monsieur le Préfet,
Alerté au sujet de l’expulsion des 33 immigrés âgés du 73 Faubourg Saint Antoine, je me permets de m’adresser à vous par la présente.Ces Chibanis n’ont cessé depuis plusieurs mois d’exprimer leurs inquiétudes face aux conditions précaires de leur logement.
Je m’interroge cependant sur les moyens mis en œuvre ce matin pour expulser ces Chibanis. Etait-il nécessaire d’avoir à faire usage d’un tel déploiement de police pour évacuer seulement 33 personnes âgées ? Enfin, alors que la ville de Paris s’est engagée à reloger toutes ces personnes avant le 30 juin prochain, cette évacuation était-elle nécessaire ?
C’est pourquoi je souhaiterais que vous puissiez m’éclairer sur les conditions de cette évacuation.
Nous devons apporter à ces Chibanis toute la dignité qu’ils méritent eu égards à leur contribution à la reconstruction de notre pays, parfois jusqu’à l’épuisement et dans l’isolement. La République se grandit en même temps qu’elle favorise une mémoire apaisée.
En vous remerciant par avance de l’attention que vous aurez bien voulu porter à mon courrier, je vous prie d’agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de mes respectueuses salutations.
Pouria Amirshahi,
Député des Français de l’étranger (Maghreb/Afrique de l’Ouest)