Ce qu’il convient de faire dans la période

Les solutions sont connues. Limiter les hauts revenus ou alors les taxer fortement, pour les redistribuer. Réduire les écarts de salaire, car rien – aucun diplôme, aucun exploit – ne justifie qu’un être humain gagne ne serait-ce que 20 fois plus qu’un autre dans une même entreprise. Que les 17 prennent enfin le contrôle de leur monnaie, évidence qui passe pour une hérésie ! Investir massivement dans les nouvelles technologies, dans la médecine, dans la conversion écologique de nos industries, de nos agricultures et de nos villes. Protéger les droits des citoyens à l’heure des surveillances, des fichages, des contrôles généralisés (car les dérives liberticides sont aussi un symptôme grave de la crise,tout ne se résume pas aux rhétoriques économistes ambiantes). Maîtriser les biens publics commun que sont l’eau mais aussi les sources d’énergie. Bref, affronter les puissances de l’argent et du cynisme.

Pour cela, il faut des lois, mais ces lois sont devenues presque impossibles à faire passer à cause des interdépendances européennes voire internationales qui sont érigées en principal argument du renoncement. Il s’agit donc aussi surtout de faire preuve de détermination politique. Personne n’imagine que la meilleure des résolutions en faveur de l’égalité sociale se traduirait dès le lendemain de sa formulation ; mais de plus en plus de citoyens, dans le monde entier, ressentent que la politique n’est qu’un champ second de la décision. Et cela produit des catastrophes politiques dont on n’a pas encore atteint le pire : si la démocratie est impuissante à honorer la promesse de mieux, alors, même pour des bonnes causes, la tentation autoritaire risque d’être de plus en grande. Car à tout ramener à la notion d’efficacité, le reste (c’est-à-dire le plus important : la délibération) deviendra accessoire et la dérive sécuritaire et autoritaire s’étendra. Il faut donc plaider, haut et fort, pour un changement radical des règles ; la France doit et peut le faire et c’est d’ailleurs le mandat que les citoyens ont confié à François Hollande…

La gauche doit se réveiller. Toute la gauche. Les socialistes pour commencer et à l’Assemblée nationale car ils y siègent, majoritaires ; sauf à faire le deuil du quinquennat, et d’une certaine manière faire le deuil de l’Histoire. Les parlementaires doivent, au nom même des principes républicains qui fondent leur légitimité démocratique, reprendre la part de pouvoir qui leur revient et qui leur est confisquée depuis trop longtemps. C’est le sens de la démarche engagée par l’appel des 100. Mais le reste de la gauche est responsable aussi et doit selon moi transformer le procès permanents en trahison en propositions sérieuses et pragmatiques de convergences. Si le ton change, l’état d’esprit aussi. Et en politique comme en toute chose, le climat influe beaucoup.

Cet été, de nombreuses routes politiques vont se croiser. Des appels à l’union, des rencontres mêlées, des invitations aux universités d’été, etc. Dans le marasme politique actuel, faisons de chacun de ces rendez-vous des moments utiles.

 

Article publié dans l’Humanité