L’EXPRESS / Quel signal envoie ce remaniement du gouvernement Valls, après les critiques émises par Arnaud Montebourg et Benoît Hamon?
POURIA AMIRSHAHI / Que François Hollande décide de mettre un terme à des divergences profondes qui traversaient le gouvernement au sujet de la politique économique menée, je trouve ça plutôt logique. En revanche, je ne comprends pas son intention de conserver son cap, malgré les indicateurs de cet été, les mises en garde de certains d’entre nous et les défaites électorales subies depuis 2012. Quel est le message? On continue, on est moins nombreux mais on continue?
Le gouvernement ne sera annoncé que mardi, mais Manuel Valls a pour mission de composer une équipe en « cohérence » avec la ligne politique définie par l’Elysée…
Cohérence… Mais cohérence avec quoi, avec qui? Avec quelle majorité, quel programme? Avec un homme qui n’avait recueilli que 5% lors des primaires du PS pour l’élection présidentielle en 2011? Pire que de l’aveuglement, c’est un enfermement! François Hollande est en train de s’enfermer dans une politique qui ne marche pas, qui n’est pas juste et qui ne correspond plus au socle majoritaire qui lui a permis d’accéder à l’Elysée en 2012
Est-ce une « faute politique majeure », comme le dit Christian Paul, un autre frondeur du PS, au JDD?
Si François Hollande ignore les alertes, il commet une erreur stratégique et une faute politique.
François Hollande va à rebours du réflexe normal d’un président de la République à la tête d’une démocratie apaisée, qui doit écouter les alertes lancées par les faits, par certaines voix de son camp et par les électeurs. S’il les ignore, il commet une erreur stratégique et une faute politique.
Les frondeurs se donnent rendez-vous à l’université d’été du PS à La Rochelle, le samedi matin, pour un rassemblement baptisé « Vive la Gauche ». Ces derniers événements vont-ils muscler encore votre discours?
Nous verrons demain, selon la feuille de route de Manuel Valls et la composition du nouveau gouvernement. Nous verrons si nous avons des raisons supplémentaires de nous exprimer, si on nous propose la même chose que ces deux dernières années, mais en pire… Il y aurait pourtant tant à faire: une loi bancaire, une réforme fiscale, des investissements dans les collectivités locales et dans le cadre de la transition énergétique, notamment. Voilà qui donnerait un second souffle au mandat de François Hollande!