Le 21 juin dernier à l’Assemblée nationale, sur invitation de Camille Sari (président de l’IEMEP), Pouria Amirshahi a prononcé le discours d’ouverture du colloque intitulé « Grand Maghreb et mondialisation ». L’intégration maghrébine, malgré les difficultés, est un chance à saisir. Vous trouverez le texte de son intervention ci-dessous.
Voici également le programme de la journée de débats.
Mesdames, Messieurs,
Merci à Institut Euro-Maghrébin d’Études et de Prospectives (IEMEP), et plus particulièrement à mon ami le professeur Camille Sari, de m’avoir proposé d’ouvrir cette journée de réflexion.
À l’heure où la mondialisation, libérale et inégalitaire, conduit à la réorganisation de certains espaces économiques, la perspective d’un Grand Maghreb doit être prise très au sérieux. Je sais que les difficultés politiques, les différents frontaliers l’emportent encore aujourd’hui sur l’idée de rapprochement, mais la convergence des sociétés du Maghreb reste une chance pour l’Histoire.
Une chance pour les Maghrébins eux-mêmes car ils se donneront les moyens de peser dans la mondialisation. Surtout, contrairement à d’autres zones (je pense à l’Europe), les pays du Maghreb – et je pense d’abord à nos trois amis tunisien, marocain et algérien – ont un grand avantage : une homogénéité culturelle plus grande et une taille raisonnable.
Une chance pour l’Afrique car un Maghreb qui s’organise économiquement contribue à tirer vers le haut le développement du Très Vieux Continent.
Une chance pour la Méditerranée car un Maghreb qui se tourne vers son propre dynamise le beau projet méditerranéen. Je pense pour ma part que le renouveau méditerranéen passe par un nouveau dialogue entre Latins et Maghrébins. Le Grand Maghreb est donc constitutif de ce nouveau dialogue.
Une chance pour la Francophonie enfin car, en ayant conquis la langue française, les pays du Maghreb font aussi le lien entre leur Nord et leur Sud. À travers la langue, c’est une nouvelle ambition culturelle, éducative et économique qui s’ouvre.
En pleins bouleversements politiques, on comprend l’enjeu méditerranéen : le rapprochement des deux rives… ou les replis identitaires.
Nous savons que les incertitudes politiques sont nombreuses : quelle Algérie après Bouteflika ? Quelle réponse constitutionnelle à la Révolution tunisienne ? Quelles évolutions sociales au Maroc ?
Mais, malgré les régimes radicalement différents, les convergences économiques sont possibles, dans trois domaines principalement : l’industrie, l’agriculture et la monnaie.
C’est, je le sais, tout l‘enjeu de votre prochaine journée de réflexion. À plus d’un titre, j’y serai attentif : en tant que secrétaire de la commission des Affaires étrangères mais aussi, et surtout, en tant que député des Français de l’établis en Afrique du Nord et l’Ouest et ami du Maghreb.
Bon travaux à toutes et à tous.