Grève du 5 décembre, en soutien aux agents publics

Début décembre, ombre grise sur les rails du métro et la toute neuve place Johnny Halliday. Bercy, quoi. Des centaines de gens sortent, pressent le pas, se retrouvent, sourires, sourcils froncés, regards concernés, quelques éclats, beaucoup de sérieux. Le froid est bien là, une bruine fouette légèrement les joues rosies par le vent. Vieux, jeunes, cortèges étudiants, lycéens, syndiqués de longue date, chômeurs, professeurs, soignants. Et des citoyen.nes, non fonctionnaires mais solidaires. Tous se pressent sur cette place pour s’y défendre et nous défendre. Refuser les 3 jours de carence et les 4000 postes d’enseignants supprimés. 

Dans cette foule, les visages de celles et ceux qui tiennent notre pays à bout de bras, devenus invisibles aux yeux de leur ministre : infirmières qui posent les intraveineuses à nos grands-parents, agents à l’accueil du commissariat, professeurs qui éduquent nos enfants, greffiers sans qui la justice ne fonctionne pas. 

Après des semaines d’insultes, jusqu’à être considérés comme des fraudeurs s’ils sont malades, ils et elles s’associent en un cortège immense vers la Place d’Italie. De l’orange, du bleu, du rouge, du violet, quelques fumigènes, gilets, drapeaux, au milieu des chants, qui clament un retour de la dignité et du respect. 

Depuis la chute de Barnier et de son sinistre ministre Kasbarian – aficionado du management et des amateurs d’Elon Musk – ils sont certes libérés mais restent inquiets.

J’étais à leurs côtés, comme de nombreux élus, en retrait, échangeant un mot, un sourire complice, en soutien. 

Le cortège des mineurs isolés qui ne tient pas en place, tant les jeunes dansent, scandent, chantent et entraînent autour d’eux les autres cortèges, les badauds et les timides sur le trottoir. 

Une mère et sa fille passent à côté de moi, hilares de la pancarte derrière elles : « Zizou Premier Ministre, Dupont à l’Éducation ». D’autres s’arrêtent au milieu de la manifestation pour faire lire les leurs à qui veut bien. Pour ceux qui n’en ont pas, parler suffira. 

De temps en temps, les conducteurs du métro 6 aérien qui survolent la manifestation, klaxonnent en soutien et la foule s’exclame et remercie, nuques tordues et regards tournés vers le ciel. 

Rendez-vous est déjà pris le 12 décembre. Encore, il faudra être là, soutenir et défendre pour moderniser ce qui constitue la clef de voûte de notre pays : nos administrations, nos services publics.

D’ici là, qui sait s’ils n’auront pas à Matignon oreille plus attentive…