Il faut accompagner les chantiers et faciliter la mobilité des marocains

Le député des Français du Maroc, Pouria Amirshahi, a formé le voeu que la visite d’Etat du Président François Hollande au Maroc, les 3 et 4 avril, permette d’avancer sur la question de la mobilité à travers la facilitation de visas, convaincu qu’il est que la libre circulation des personnes est « une condition sine qua non » d’un projet euro-méditerranéen « cohérent ».

« Il ne peut y avoir un rêve partagé entre les deux rives de la Méditerranée si on ne fait pas un effort particulier sur la mobilité des personnes », pour conforter le partenariat d’ »exception » entre le Maroc et la France qui « s’inscrit dans la refondation nécessaire du projet euro-méditerranéen », a affirmé dans un entretien à la MAP, M. Amirshahi qui accompagnera le président Hollande.

Se faisant l’écho de la récente décision du gouvernement français de simplifier les procédures de délivrance de visas dits « de circulation » en faveur des « talents étrangers » notamment marocains, M. Amirshahi retient qu’il y a eu, certes, un groupe de travail entre les deux gouvernements, mais « il faudra maintenant accélérer cette réflexion pour passer à la mesure ».

« Il faut maintenant des mesures de facilitation ! », estime l’élu socialiste de la 9-ème circonscription des Français de l’Etranger qui couvre notamment le Maghreb et des pays de l’Afrique de l’Ouest.

Il y va « de l’intérêt bien compris des deux pays. Car si l’on peut par exemple développer une économie commune de la Méditerranée à travers des co-localisations d’entreprises des deux rives, dans des filières industrielles partagées, comme les énergies renouvelables, alors il faut bien faire en sorte qu’il y ait des facilités de visas de circulation de part et d’autre ».

« Il faut qu’il n’y ait pas d’entrave pour la libre circulation pour les étudiants, les chercheurs, les scientifiques, les artistes, les chefs d’entreprises. C’est nécessaire pour la construction du projet méditerranéen, indispensable à la construction d’une communauté de destin francophone », soutient-il.

Le député français, également secrétaire national du Parti Socialiste (PS-au pouvoir) aux transitions démocratiques et à la francophonie, va plus loin en plaidant pour la constitution d’un programme « ERASMUS francophone » pour les étudiants ou encore l’instauration d’ »un passeport économique et culturel de la francophonie » au profit des chefs d’entreprises, des étudiants, des scientifiques, des chercheurs et des artistes.

A cet égard, il considère que la relation franco-marocaine d’ »exception » dans le cadre du projet euro-méditerranéen est « une chance pour le développement de la francophonie qui n’est pas la langue de la France, mais en partage, dont le Maroc est un ambassadeur puisque qu’avec la langue française, il développe ses propres marchés à l’export notamment en Afrique ».

A l’heure où le Maroc connaît une dynamique de changement économique et social, confortée par une série de réformes démocratiques saluées à Paris, M. Amirshahi met l’accent sur la disposition de la France d’accompagner les chantiers ouverts dans différents domaines, la gouvernance, la réforme territoriale où le Royaume peut bénéficier de l’expérience française de décentralisation, mais aussi en matière de renforcement d’une société civile « de plus en plus active », notamment en ce qui concerne sa capacité à s’organiser.

Par ailleurs, le député regrette « fortement » la fermeture des frontières entre le Maroc et l’Algérie, « une entrave à ce rêve méditerranéen » qui bute également sur la question du Sahara, « un blocage politique » pour lequel la France encourage sur le terrain international « un dialogue apaisé » avec la proposition marocaine d’autonomie comme base de négociations.

« J’espère que nous arriverons tous, Algériens et Marocains, à trouver une solution durable. C’est tellement essentiel et je pense que l’aspiration des peuples de la région de la Méditerranée c’est justement de se tourner vers le développement et pour cela il faut effectivement faciliter la mobilité des personnes et la liberté de circulation », dit-il.

Sur le plan bilatéral, son attente principale : « est se tourner vers l’avenir et que l’on comprenne bien, Français comme Marocains, que beaucoup de choses se jouent aujourd’hui dans notre capacité à nourrir une relation stratégique durable entre les deux rives de la Méditerranée ».

« Il faut développer des projets stratégiques, dans le domaine industriel et en particulier dans les énergies renouvelables », lance-t-il, sans manquer de louer le choix du Maroc de miser sur ce créneau de « l’avenir » à travers le lancement de son plan solaire.

Le député français table sur la visite du Président Hollande pour « consacrer cette stratégie » dans le cadre de la coopération bilatérale.

« Nous avons la possibilité d’avancer ensemble, Français et Marocains, dans le domaine ô combien nécessaire et stratégique, du développement durable, de la préservation de la planète et d’une économie nouvelle », affirme-t-il.

Le député souligne, par ailleurs, l’importance de tirer un meilleur profit de la présence de la communauté française du Maroc dont il est l’élu pour le rapprochement entre les deux pays, « sans doute l’une des plus importantes du monde » avec 60.000 personnes, ce qui vaut également pour les Marocains de France (environ un million).

« Les Français qui vivent au Maroc y sont depuis longtemps, dont beaucoup des binationaux, et de par leur double culture, autant que par leur activité économique dans toutes les villes du Royaume, ils contribuent à l’instar des Marocains au développement du Maroc. Ils sont attachés à ce pays et il faut donc s’appuyer sur eux pour faire passer des projets, ce sont les premiers ambassadeurs de la France, des citoyens de terrain », conclut-il.

Retrouver cet article de Amal TAZI pour la MAP (agence marocaine de presse) sur le site de Menara.com : http://www.menara.ma/fr/2013/04/02/…