« Il ne faut pas se fermer aux pays amis, méditerranéens et africains »

Faut-il s’inquiéter de la colère anti-Charlie dans le monde musulman?

 

Dans les faits, il y a eu très peu de manifestations hostiles à la France et aux Français, même si celle de Niamey a été dramatique et violente. Je crois que le radicalisme religieux ne représente qu’une minorité des populations en Afrique, mais celles-ci, plus ou moins pieuses, sont parfois sincèrement heurtées par le fait que l’on puisse moquer les religions. En réalité, la grande majorité a été surtout effrayée par le fait que l’on assassine au nom de l’Islam et j’ai pour ma part reçu de nombreux messages de solidarité dès le 7 janvier. Les gens – notamment dans les pays francophones – savent aussi que la presse française est libre et, surtout, que Charlie-Hebdo est un journal satirique typiquement français qui n’existe que dans peu de pays.

Il ne faut pas se fermer à ces pays mais au contraire augmenter la coopération entre la France et ses voisins et amis, méditerranéens et africains, dans tous les domaines : les sciences, l’éducation, l’économie… Il faut faire le pari de la compréhension pas de la méfiance, de la coopération culturelle, pas de la concurrence des imaginaires.

Je ne cesse de le répéter mais je constate malheureusement que les coopérations concrètes entre les États relèvent et surtout du domaine sécuritaire alors qu’il faut faire la guerre à la pauvreté, s’engager pour la maîtrise démographique, la transition écologique, le développement des écoles et des systèmes éducatifs. Et il faut aussi assumer ce discours et cette politique auprès des Français de l’Hexagone. C’est le meilleur moyen de tarir les foyers de sectarisme, de réduire les fossés, de progresser ensemble dans un monde meilleur. Et c’est d’abord une question de volonté politique.

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