Voilà plusieurs mois que sur le chemin économique et social, nos pas s’éloignent chaque jour un peu plus. Si je ne manque pas ces derniers temps de proposer, avec d’autres, une autre politique, une autre stratégie, force est de constater que, sur les fondamentaux de nos convictions républicaines, Jean-Marc Ayrault est un gardien vigilant. Par les temps troubles et confus ou les postures imbéciles priment sur les choix de l’esprit, à la veille d’une démarche nouvelle en faveur de l’intégration, il faut l’aider à tenir.
J’avais déjà eu l’occasion de relever ses mots chaque fois que la question Rom s’est imposée – et toujours de manière hideuse – dans le débat public. Il avait déjà plaidé justement devant la représentation nationale fin septembre affirmant que l’intégration est toujours « possible » et que «le devoir des hommes d’Etat est d’avancer concrètement des solutions, de faire progresser, de ne pas mettre les uns contre les autres, de régler les problèmes». Ce n’était pas la première fois d’ailleurs. Le 22 août il avait réunit tous les ministres concernés – du logement à l’éducation en passant par la santé et la justice – sortant de facto ce sujet des radars policiers et du seul prisme répressif du ministère de l’intérieur.
Sur ces enjeux, Jean-MarcAyrault croit en la pédagogie de la Raison, au pragmatisme de l’action plus qu’en des postures. Surtout, au fond, il ne transige pas. Sa seule limite, est la veulerie de quelques autres.
À la veille de la réunion – elle aussi interministérielle ! – sur l’intégration, il semble que ce soit encore le bon sens qui prime. Notre avenir méditerranéen impose de reconstruire des ponts et la probable création d’un Office franco-maghrébin de la jeunesse est un bel ouvrage. L’accueil et l’accompagnement à et par la langue française sont aussi essentielles à la cohésion nationale : car n’oublions pas que beaucoup des étrangers d’aujourd’hui seront – ou leurs enfants – les français de demain. Surtout, va-t-on enfin dessaisir la place Bauveau d’une question qui ne la concerne que de loin ? Bref : va-t-on rompre avec le Sarkozysme ?
Va-t-on renouer avec le fil d’une belle histoire de France, une nation républicaine qui fabrique de la citoyenneté ?
De ce point de vue, nous sommes plusieurs socialistes à avoir déjà fait des propositions ces dernières années, ainsi Mathias Fekl ou Sandrine Mazetier.
Espérons juste que le gouvernement échappera à la tiédeur de propositions inconsistantes du style « mi-fermeté, mi-générosité », à l’hypocrisie des rappels aux « nécessaires respect de la Loi et de nos valeurs » (comme si cela ne devait pas aller de soi pour tout le monde) et autres vacuités qui finissent toujours par ne laisser la place qu’aux obsessions sécuritaires.
Si cette ambition s’affiche et s’assume enfin, je la soutiendrai sans réserve. J’attends avec impatience les propositions qui sortiront de la réunion de mardi prochain…
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Épilogue (provisoire), mardi 11 février, après les « conclusions » de cette initiative : au final les avancées concrètes les plus consistantes ont été retirées… Bref. On repassera. Seul acquis (certes, pas des moindres) : le cadre interministériel devrait s’imposer plus souvent. Pour le reste…