La Digue

La Digue. Chroniques lapidaires (5)

Retour à New-york.

Aujourd’hui, on sort du champ des « politicians » : place à la société, celle qui pense et agit en son milieu.

Direction Columbia d’abord, à la rencontre de Bernard E. Harcourt, tout à la fois avocat, professeur, théoricien critique spécialiste de Foucault et dont toutes les pratiques professionnelles sont à l’intersection de notre question : de quoi le Trumpisme est-il le nom ?

Au mépris de l’esprit des Lois, l’illiberalisme s’autojustifie, comme l’évidence d’un Droit nouveau qui s’écrit au fil des décisions. Trump est d’abord l’homme du fait accompli. Il nous livre aussi ceci : dans l’alliance époustouflante des capitalistes de la finance, du big commerce comme de la Tech, tout passe directement par Trump, en bilatéral. « Ne négligez pas la peur que suscite le nouveau pouvoir : ne pas en être, c’est prendre le risque de tout perdre ». L’entretien est dense. Nous le reverrons, la Digue a besoin de cette pensée critique pour agir.

Rencontre suivante. Quid du front social ? Où en est le syndicalisme ?

La SEIU est un syndicat puissant (2millions d’adhérents) – et particulièrement à NY – très actif dans les luttes sociales portées par les travailleurs du lien (le Care), les transports, les services, l’hôtellerie et la restauration et tant de métiers portés par les travailleurs aux mémoires immigrées.

En gros : un front ouvrier intersectionnel.

L’agenda de l’extrême-droite n’est pas encore définitivement arrêté. D’un côté un pouvoir prudent dans une Amérique qui a les syndicats en sympathie (70% des Américains affirment leur utilité selon des études sérieuses) ; de l’autre il y a l’obsession raciste… et bien entendu la traditionnelle détestation des syndicats par les Républicains. Après la purge massive dans les administrations (12 % des effectifs), Trump hésite : il sait qu’une partie de sa base est ouvrière, en tout cas l’oligarque tient à cette image.

Pour le moment les syndicats tiennent bon. Mais….

À l’échelle internationale, on me confirme que le syndicalisme mondial est déjà engagé dans la bataille et tente aussi de mieux s’organiser.

Décidément, cette digue internationale peut réunir tous les fronts – politique, intellectuel, social. Chacun repart avec l’idée qui infuse en arrière-plan.

Ce n’est qu’un début, continuons.