Du 30 octobre au 2 novembre se déroule à Hammamet (Tunisie) le Congrès des Professeurs de Français du Monde Arabe sous l’égide conjointe de la Fédération Internationale des professeurs de langue française et de l’Association Tunisienne pour la pédagogie du Français.
Les acteurs de l’enseignement francophone se réunissent autour du thème « Langue et culture arabes, Langue française et cultures francophones : contacts, dynamique et synergies ».
Au cours de ce congrès sera également lancé officiellement le site d’apprentissage du Français en langue Arabe via le site de TV5Monde, auquel j’ai modestement contribué via l’attribution d’une part de la réserve parlementaire.
J’y ai rédigé un discours, que vous trouverez ci-dessous:
Mesdames et Messieurs,
C’est avec un immense regret que je suis absent du Congrès des professeurs de français du monde arabe qui se tient en Tunisie sous l’égide de la Fédération internationale des professeurs de langue française et de l’Association Tunisienne pour la pédagogie du Français.
Je tiens à vous dire toute mon admiration, d’abord parce que vous êtes des professeurs, ensuite parce que vous êtes professeurs de français. La langue nous unit ; elle est, pour tous ses locuteurs et ses amoureux, une promesse universelle qui relie tant de femmes et d’hommes et qui traverse bien des cultures.
Modelée par Kateb Yacine, Naghib Mahfouz, Amin Maalouf, Tahar Bekri, Yamen Manaï ou encore Fawzia Zouari, elle restitue une part du globe, du Maghreb au Mashrek. D’une certaine façon, ces écrivains nous éduquent au Monde et vous, mesdames et messieurs les professeurs, êtes les meilleurs interprètes de l’interculturel. Lorsque les jeunes de France auront aussi été instruits par ces belles plumes autant que par Amélie Nothomb ou Michel Houellebecq, alors la francophonie aura honoré sa promesse de fraternité. Et cette exigence commence avec vous. C’est pourquoi, partout, nous devons défendre ou améliorer les conditions d’exercice de votre métier.
La langue française n’est pas plus belle qu’une autre, mais en s’organisant et en s’affirmant mieux dans le monde, elle permet la coexistence de toutes les autres plutôt que la domination d’une seule. L’arabe, l’espagnol, le portugais et tant d’autres seront fortes et respectées à mesure que la francophonie plaidera pour le plurilinguisme.
La langue française n’est pas plus vertueuse qu’une autre, et la liberté s’écrit et se crie dans toutes les langues et notamment aujourd’hui en Tunisie ou en Syrie. Mais la francophonie doit respecter en son sein les valeurs qui ont donné à sa langue la force propulsive dans l’Histoire : l’État de Droit et la séparation des pouvoirs contre les absolutismes.
Votre Congrès est l’occasion de mettre en lumière les nombreux liens qui unissent cultures francophones et cultures d’orient. Alain Rey l’a récemment montré dans son dernier ouvrage magnifique intitulé Le voyage des mots, de l’Orient Arabe et Persan vers la langue française. La rencontre des cultures enfante toujours le croisement des langues. Combien de mots ont été échangés ou assimilés par les uns venant des autres ? Français, turc, persan, arabe, amazigh, etc. ? Quelle chance d’être, comme vous, les passeurs de ces conversations séculaires…! Voilà un haut et beau bras d’honneur au prétendu « Choc des civilisations ».
Je tiens enfin pour terminer à saluer le lancement, par TV5 Monde, du site d’apprentissage du français en langue arabe. Utile complément et indispensable outil pour les exercices d’apprentissage. Ce site s’inscrit dans un processus de diversité, de bilinguisme et même de multilinguisme ainsi que des modes de pensées et de représentations du monde riches et variées. Vous le savez avant et mieux que tout autre : une ambition francophone digne de ce nom passe par le renforcement des systèmes éducatifs et de l’enseignement de la langue, en ne négligeant aucun outil et notamment le numérique, dont l’accès s’étend et se démocratise. C’est pourquoi ce projet est d’une grande modernité. Cette initiative est essentielle au projet francophone auquel je crois de toutes mes forces et pour lequel j’ai rendu un rapport d’information parlementaire, remis au président de l’Assemblée Nationale française, Claude Bartolone le 12 février 2014.
Je souhaite donc remercier les personnes qui se sont mobilisées au sein de TV5 Monde, en particulier Madame Michèle Jacob-Hermès, directrice de la Francophonie, des relations institutionnelles et de la promotion du français, pour m’avoir sollicité pour le financement de ce projet, ainsi que Monsieur Ivan Kabacoff, journaliste et présentateur, pour m’avoir invité à vous rejoindre aujourd’hui.
Je vous souhaite à toutes et tous un excellent Congrès, et salue à travers vos travaux et vos partenariats une belle communion du verbe, de l’esprit … et du clavier !