Face aux menaces de restriction des régularisations des travailleurs et des parents immigrés d’enfants scolarisés, un collectif de parlementaires de gauche et écologistes s’oppose à une énième dérive sécuritaire et xénophobe portée par le ministre de l’Intérieur.
Nous unissons nos voix pour dire non aux régressions que Bruno Retailleau tente d’imposer en matière de régularisation des personnes qui travaillent en France. Nous refusons la nouvelle loi sur l’immigration annoncée.
Un principe nous rassemble : la défense des droits humains et sociaux, et face aux menaces de restriction des régularisations des travailleurs et des parents immigrés d’enfants scolarisés, nous nous unissons pour nous opposer à une énième instrumentalisation de ces vies au profit d’une idéologie populiste et xénophobe, éloignée des réalités sociales et économiques françaises.
Nous nous tenons aux côtés de celles et ceux qui, souvent invisibilisés, maintiennent nos services publics et soutiennent l’économie de notre pays par leur travail. La France s’est honorée en les accueillant, et ils nous honorent chaque jour par leur contribution indispensable à notre société.
L’immigration n’est pas celle que fantasme Bruno Retailleau : elle ne vient pas voler le boulot des Françaises et des Français. L’histoire de la France est indissociable de l’immigration. Hier, elle reconstruisait le pays dans les mines et sur les chantiers, aujourd’hui elle soutient nos hôpitaux, nos collectivités, veille sur nos enfants et nos aînés. Elle fait briller nos universités à l’international, crée des entreprises et des emplois. L’immigration a mille visages : culture, sport, santé, travail… Ils sont les parents de brillants Français et ils sont, parfois, nos parents.
L’immigration est profondément liée à notre destin commun. En voulant condamner des femmes et hommes à la précarité et la clandestinité par opportunisme et idéologie, Bruno Retailleau cherche à instrumentaliser la peur de l’autre. Ce projet, sous couvert de fermeté, alimente les discours de haine et de stigmatisations, renforçant ainsi les tensions racistes dans notre société. Une vieille recette inefficace, tant les lois immigration se sont enchainées et précisément concernant la régularisation des travailleurs.
Régulariser les travailleurs étrangers, un acte de justice social
Régulariser les travailleurs étrangers, c’est reconnaître leur place légitime dans notre société en leur accordant le droit de séjourner en France de manière régulière. C’est un acte de justice sociale qui permet à ces travailleurs de sortir de l’économie clandestine, de cotiser, de payer des impôts, d’avoir des droits et des protections. Régulariser, c’est garantir une égalité de traitement et une reconnaissance de leur contribution.
Régulariser les travailleurs immigrés n’est ni une posture philosophique ni une option, c’est une question de justice sociale et de pragmatisme. Ces femmes et ces hommes sont d’ores et déjà là, participant à la richesse humaine, culturelle et économique de notre pays. Ils ne méritent pas d’être laissés dans l’ombre, sans droits ni reconnaissance et les priver de droits revient à nier nos valeurs d’égalité et de fraternité.
Nous ne devons pas laisser la peur et la stigmatisation dicter nos choix politiques. Nous appelons Michel Barnier à honorer les valeurs de fraternité et d’égalité françaises et à s’opposer à la dérive sécuritaire et xénophobe de son ministre de l’Intérieur. Face à chaque recul de droit, face à chaque propos stigmatisant, raciste ou xénophobe, nous serons là.
Premiers signataires : Léa Balage el Mariky, députée de la 3e circonscription de Paris, Cyrielle Chatelain, présidente du groupe Ecologiste, députée de la 2e circonscription de l’Isère, Arthur Delaporte, député de la 2e circonscription du Calvados, Fatiha Keloua-Hachi, députée de la 8e circonscription de la Seine-Saint-Denis, Elsa Faucillon, députée de la 1re circonscription des Hauts-de-Seine, Yannick Jadot, sénateur de Paris, Ian Brossat, sénateur de Paris, Andy Kerbrat, député de la 2e circonscription de Loire-Atlantique, Mélanie Vogel,sénatrice des Français établis hors de France, Benjamin Lucas, député de la 8e circonscription des Yvelines, Clémentine Autain, députée de la 11e circonscription de Seine-Saint-Denis, Pouria Amirshahi, député de la 5e circonscription de Paris, Christine Arrighi, députée de la 9e circonscription de Haute-Garonne, Benoît Biteau, député de la 3e circonscription de Charente-Maritime, Lisa Belluco, députée de la 2e circonscription de la Vienne, Karim Ben Cheïkh, député des Français établis hors de France, Nicolas Bonnet,député de la 3e circonscription du Puy-de-Dôme, Paul Christophle, député de la 1re circonscription de la Drôme, Hendrik Davi, député de la 5ecirconscription des Bouches-du-Rhône, Emmanuel Duplessy, député de la 2e circonscription du Loiret
La liste complète des signataires et la publication initiale de cette tribune sur le site de Libération