La semaine vue par… Pouria Amirshahi

Pouria Amirshahi est député PS des Français de l’étranger. Sa circonscription va du Maghreb à l’ouest de l’Afrique. L’actualité le sensibilise donc particulièrement. Tout comme celle de notre pays, où il a pris l’initiative, hier, d’un rassemblement de la gauche de la société civile.

L’assassinat d’Hervé Gourdel

« Comme tout le monde, j’ai été saisi d’effroi, en pensant à cet homme qui ne voulait rien d’autre que marcher dans les montagnes algériennes et qui n’a même pas pu vivre cela. Pour l’Algérie, c’est une nouvelle peur de revivre les années noires qui remonte ; je pense aux Algériens et à tous ceux qui vivent là-bas.

Évidemment, ce crime est la réponse à l’engagement français. Sur ces frappes, j’ai émis des réserves, notamment parce que le gouvernement a pris cette décision sans consulter le Parlement. Et puis, cela fait trente ans que ces frappes militaires contribuent à la prolifération de ce genre de groupes terroristes.

Depuis 2003, l’État irakien a été pulvérisé, et la déstabilisation d’un État favorise ce chaos et l’émergence de ces groupes sectaires et dogmatiques. C’est à rapprocher de ce qui se passe en Libye.

Je pose donc la question de savoir quel est le plan, après ces frappes. C’est un peu délicat, en ces temps de frappes militaires, mais je pense que c’est mon rôle. Demander déjà comment aider ce peuple à sortir du malheur qui s’abat sur lui. Tout en sachant que ça prendra dix ou quinze ans… »

Le Virus Ebola

« Je me tiens informé au quotidien, par les ONG et les autorités, et je pense au risque d’atteindre 20 000 victimes au mois de novembre. Pourtant, les USA ont mis le paquet dans leur proposition d’intervention. Sur la formation et la construction de dix-sept centres de soin, notamment.

On peut régler médicalement le cas d’Ebola. 70 % de gens touchés en meurent aujourd’hui, ce qui veut dire que 30 % n’en meurent pas. La préoccupation principale aujourd’hui doit être de se concentrer sur les capacités à élaborer la bonne formule contre le virus. Je suis personnellement pour la mobilisation du fonds anti-sida. Il y a là des moyens et des médecins tout prêts à agir.

Mais encore une fois, on a affaire à des peuples touchés par les malheurs : le sous-développement, l’arrivée des nouvelles routes de la drogue… Il convient d’avoir une vision sur dix ou quinze ans pour aider ces populations. »

Le retour de Nicolas Sarkozy

« Un retour tellement attendu ! Je suis en colère contre les gens de ce milieu, dont Nicolas Sarkozy est l’archétype. Ils se sentent propriétaires de leur fonction. Mais qui lui a demandé de revenir ?…

Ce que je crains, c’est que les affaires qui le menacent fassent planer de mauvaises odeurs sur la vie politique française. Cela peut être de nature à dégoûter encore un peu plus l’opinion publique. Il aurait dû attendre que tout cela soit arrangé. Si sa préoccupation première est la France, alors il aurait dû se taire et rester chez lui. Sur ses intentions, il ne faut pas se tromper : Nicolas Sarkozy est une bête politique, il n’a cessé de vouloir redevenir président de la République. Et on sait ce que représente son projet de droite ultralibérale et hypersécuritaire. »

> Lire l’entretien sur le site internet de La Voix du Nord