Répondant aux objectifs fixés par la Révolution, les constituants ont enfin rendu leur copie.
La longue attente, parfois le sentiment de temps perdu et de grande fragilité du processus, ne furent en réalité que la démonstration qu’en toute chose, décidément, la Tunisie fait office d’avant-garde. Malgré les inquiétudes, légitimes, nous avions raison de conserver la confiance intacte.
La nouvelle République est désormais un État de Droit, consacrant la séparation des pouvoirs et la liberté de conscience parmi les libertés fondamentales. Liberté d’opinion et d’expression, égalité des droits, principe de parité entre les femmes et les hommes dans les assemblées élues, prohibition de la torture physique et morale, imprescribilité des droits de l’Homme… la grande radicalité démocratique qu’ont porté les révolutionnaires tunisiens est désormais gravée dans le marbre de la Loi fondamentale.
L’originalité du processus tunisien doit surtout à la force des organisations de la société civile. Dans les périodes de doutes et de vives tensions, elles ont joué le rôle de garants du processus révolutionnaire, à l’instar du syndicat historique UGTT, mais aussi de la Ligue des Droits de l’Homme, ou encore des avocats et du patronat. L’annonce de la formation d’un nouveau gouvernement, en application de récents accords, atteste du succès du laboratoire politique tunisien.
Ce consensus national donne la force indispensable aux Tunisiens pour faire face aux immenses enjeux qui se posent à l’ensemble des peuples méditerranéens : entre le désordre libyen, la dérive égyptienne et la crise économique, il faudra aussi, et surtout, répondre à l’impératif de développement et d’émancipation porté par les jeunes.
La réalisation des objectifs politiques de la révolution tunisienne n’est qu’une première étape vers des accomplissements économiques et sociaux, priorités communes des deux rives de la Méditerranée.