L’association Sherpa a porté plainte hier contre l’entreprise Lafarge pour financement du terrorisme, complicité de crimes contre l’humanité, complicité de crimes de guerre, mise en danger d’autrui et d’autres infractions connexes.
Lafarge est accusé d’avoir, en 2013-2014, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria, indirectement payé des taxes à l’organisation Etat islamique, qui avait instauré un système de droit de passage pour les ouvriers travaillant à la cimenterie ainsi que pour les marchands de ciment venant s’y approvisionner. A cela s’ajoutent des informations révélées par le journal le Monde, selon lesquelles des salariés refusant de venir travailler en raison du danger auraient fait l’objet de menaces, voire de licenciements. Lafarge a en effet maintenu sa cimenterie en fonctionnement jusqu’en septembre 2014.
Rappelons que c’est précisément en asséchant ses sources de financement que nous pouvons lutter efficacement contre le terrorisme. En attendant les suites de la procédure judiciaire, la représentation nationale doit pouvoir interroger le gouvernement français sur sa politique en matière de responsabilité des maisons-mères par rapport aux activités de leurs filiales.
Les multinationales doivent être tenues responsables de leurs agissements à l’étranger y compris des agissements de leurs filiales et fournisseurs. La proposition de loi à ce sujet, qui revient – enfin – à l’Assemblée nationale en nouvelle lecture le 29 novembre, devra être remusclée et adoptée. Une étape essentielle, mais un premier pas seulement car l’important sera de la mettre en application au plus vite.