POURIA AMIRSHAHI est très réservé à l’égard du projet de loi sur le renseignement, dont l’Assemblée a commencé l’examen lundi après-midi. Invité du « Talk Le Figaro », le député socialiste de la 9e circonscription des Français de l’étranger, qui couvre plusieurs pays instables politiquement (Libye, Sierra Leone, Liberia, Mali…), considère qu’il faut prendre ce texte « avec une grande vigilance et une grande prudence ». « La question de savoir s’il faut lutter contre les intentions terroristes et le terrorisme ne fait pas débat. Le sujet, c’est en quoi ce texte peut remettre en cause nos droits et nos libertés. » Le député frondeur, qui a déposé ou cosigné plusieurs amendements sur ce projet, a ajouté : « Ma position est claire : pas un millimètre de liberté en moins. »
Amirshahi a encore mis en garde : « Si on met tout le monde sous surveillance sous prétexte de la lutte contre le terrorisme, on entre dans une société dangereuse. » Le député PS a cité l’exemple des opérateurs téléphoniques auxquels on va demander de « placer des boites noires pour mettre sur écoute un individu, en décidant de mettre n’importe quel champ sur écoute, un immeuble entier ou un quartier entier ». « Cela s’appelle de la surveillance de masse », a-t-il dénoncé. « La Révolution française dont nous sommes tous dépositaires s’est faite sur un point qui a réuni tout le monde, Girondins comme Jacobins : non aux abus de pouvoir. » L’élu socialiste demande notamment que le juge judiciaire intervienne à la place du juge administratif, ou que le dispositif des boîtes noires soit supprimé.
Deux jours après le dépôt des motions en vue du congrès de Poitiers (5-7 juin), Pouria Amirshahi, qui a signé la motion « À gauche pour gagner » portée par Christian Paul, le chef de file de l’aile gauche du PS, s’est dit « déçu » que Martine Aubry ait rallié la motion du premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis. « Il y avait plus de pertinence à être ensemble. Quand on pense la même chose, il vaut mieux le dire ensemble », a-t-il expliqué. « L’enjeu (…) est de trouver un nouveau compromis pour les deux ans qui viennent », a rappelé l’élu PS, qui a réaffirmé que l’on « ne peut pas donner de l’argent public à des entreprises sans contreparties ».
« Débat démocratique »
Interrogé sur les primaires de 2016, en vue de la présidentielle de 2017, Amirshahi a affirmé avec une sévérité sans ambiguïté que Hollande « devra faire la démonstration de la légitimité de sa candidature au regard de ses résultats ». Le député frondeur a ajouté : « De toute façon, il faut un débat démocratique. Je ne suis pas de ceux qui craignent la dispute organisée entre nous. » Christian Paul, lui, a assuré lundi que les socialistes de l’aile gauche soutiendront « très naturellement » François Hollande pour 2017 « s’il a réussi ».
Par Sophie Huet
Retrouvez cet article dans l’édition du 14 avril 2015 du Figaro