Tribune publiée sur le site internet de La voix de France et disponible par ce lien.
Le projet francophone a besoin d’ambition. D’un sursaut, français, mais aussi et surtout d’une envie commune. La langue française a de nombreux atouts. Langue officielle, nationale ou populaire dans une vingtaine de pays dans le monde sur les cinq continents, dans des pays de tous niveaux de développement, dans une diversité inouïe d’usages et d’histoires, le français est d’abord une langue désirée.
Les langues deviennent les éléments structurants des aires geoculturelles émergentes et même des outils d’influence et de puissance économique pour les hispanophones, les lusophones, les arabophones etc.. De nombreux pays ont pris conscience de la force que représente le vecteur linguistique. Dans ce concert mondial, les francophones peuvent jouer une belle partition. Autrement dit, la langue française est une composante majeure de ce plurilinguisme mondial. Encore faut-il en avoir conscience et porter cette ambition haut et fort.
L’objectif du rapport d’information parlementaire sur la francophonie, intitulé « Pour une ambition francophone » et adopté à l’unanimité par la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale à la mi-janvier, est de faire une série de propositions concrètes en explorant les pistes d’actions publiques.
Le rapport vise à mobiliser les représentations nationales et les citoyens, d’éclairer les gouvernements et d’apporter une contribution utile au prochain sommet de la Francophonie qui aura lieu à Dakar, autour des immenses potentialités de développement économique, d’innovations techniques, de découvertes scientifiques et de rayonnement culturel pour tous ceux qui choisiront de s’unir autour de la langue française.
Il nous faut aller à rebours de la désinvolture de quelques élites et de la supposée inéluctabilité d’un monopole-saxon sur le monde, mais également en contradiction avec des discours défensifs donnant l’image d’une citadelle assiégée et impuissante. Il s’agit de rendre cette utopie francophone résolument réaliste.
Cultiver, voire faire naître, un sentiment d’appartenance francophone doit permettre la mise en mouvement de notre communauté d’intérêts. Autour d’un premier cercle de pays francophones, il est possible de faire converger les contenus de formations mais aussi scientifiques, de rapprocher les institutions culturelles et éducatives, de bâtir des normes et même de construire un espace économique.
Et c’est dans ce projet francophone que les diasporas francophones répartis dans le monde ont toute leur place. Et nos compatriotes tout autant. Notre réseau d’écoles, d’alliances et d’instituts français vivent de leur présence et leur conversations raisonnent dans les quartiers et les rues de tous les pays. Les Français sont aussi des agents économiques, partant avec des initiatives sous le bras et des idées plein la tête pour les transformer en entreprises, créatrices de richesses, d’emplois, en investissements. C’est indéniable, les Français de l’étranger sont les traits d’union entre les nations et cultures. Bref, la francophonie de projets s’incarne d’abord par les … francophones, aussi bien en culture, en politique qu’en économie.
Cette ambition ne sera crédible que si en France même, nous assumons la francophonie comme stratégie d’avenir.
Oui, la langue française reste une langue désirée. Elle est aussi une langue « outil », utile dans le monde des affaires comme en diplomatie. Langue d’hier, langue d’aujourd’hui, elle réunit toutes les caractéristiques pour être aussi une langue importante de demain. À condition que…
De Dakar à Bruxelles, d’Ouagadougou à Montréal, d’Alger à Genève et ou de Casablanca à Paris, la francophonie se conjugue à plusieurs voix. En faire un horizon commun et partagé est de l’ordre du possible. Donnons-lui sa dimension charnelle, cet éclat qui nous emmènera loin.