« Les partis sont fatigués et même parfois fatigants »

Voici un entretien paru dans Sud Ouest le 9 novembre 2015. J’y reviens sur le lancement du Mouvement Commun.

Comment doit-on lire l’arrivée du Mouvement Commun dans le paysage politique ?

L’idée est de construire du neuf. De mettre en valeur les réalisations, les combats, les luttes, les brevets, les inventions qui marchent et qui demain pourront faire contre-modèle dans un pays en panne.

L’impuissance politique à faire face aux possédants et au conservatisme est manifeste. Et je ne parle pas que de ce gouvernement, c’est propre aux démocraties libérales. On est passé d’un système délégataire à un système confiscatoire de pouvoirs. Résultat, de plus en plus de citoyens se détournent des urnes et de la parole politique. Cette dernière étant désormais vécue soit comme pas sincère, soit comme pas capable.

Pourquoi lancer ce mouvement avant les régionales de décembre ?

Le Mouvement Commun n’a pas à être indexé sur un calendrier électoral. Mais si on veut reconquérir les cœurs et les esprits sur l’idée que le partage des richesses est possible, nous devons commencer rapidement. Et ce n’est pas à l’aune d’une énième défaite de la gauche qu’il faut reformuler un projet pour demain.

L’arrivée du Mouvement Commun sonne aussi comme l’échec du PS à se réinventer…

Les institutions sont épuisées, les partis sont fatigués et même parfois fatiguants. Et ça ne vaut pas que pour la gauche. Cette démarche n’est donc pas possible au sein d’un parti politique aujourd’hui.  Si les partis avaient chacun entre 300 000 et un million d’adhérents, ça se saurait. Puisque les partis n’ont pour vocation qu’à être des outils électoraux, il faut fédérer ailleurs et autrement. Le but est de reformuler un projet politique qui permette la synthèse du socialisme, de l’écologie et de la démocratie. Si ce futur projet ne s’adosse pas au monde réel et à ce que vivent les citoyens, alors il n’y aura que des propositions autoritaires, dont le Front national est l’ultime expression.

C’est donc un mouvement politique ?

Oui mais il n’est pas électoral. Se sont rassemblés des gens qui sont au PS et d’autres qui n’y sont pas : Noël Mamère et Cécile Duflot pour les écologistes, Pierre Laurent du PC, Jean-Luc Laurent du MRC, des membres du Front de Gauche et des gens qui sont de nul de part. Il n’y a pas un mouvement en France qui rassemble ainsi tout l’arc en ciel des forces de progrès. Mais la majorité des signataires est d’abord issue de la société mobilisée. La citoyenneté est politique.

Ce projet peut-il alimenter le programme du futur candidat de la gauche pour 2017 ?

Si ça permet le dépassement des chapelles tant mieux, le mouvement aura réussi car il ressemblera au pays. Les enjeux présidentiels, aujourd’hui, ne m’intéressent pas. A titre personnel, je souhaite que la gauche gagne, je ne souhaite pas à mon pays que l’extrême droite soit en position de prendre le pouvoir. L’irresponsabilité de M. Sarkozy ne mérite pas qu’il soit reconduit. J’ai des points de vue, mais le Mouvement Commun va au-delà de 2017.  La présidentielle est un enjeu majeur mais elle ne règle en rien la grande crise démocratique.

 

Retrouver cet entretien sur le site de Sud Ouest