Les récépissés, «une solution pragmatique»

Le député socialiste Pouria Amirshahi explique à «20 Minutes» pourquoi les socialistes doivent continuer à dénoncer le contrôle au faciès…

Député des Français de l’étranger, Pouria Amirshahi se bat aux côtés des associations qui luttent contre le contrôle au faciès. Alors que le gouvernement a renoncé à mettre en place les récépissés obligatoires au moment des contrôles d’identité, qui étaient pourtant une promesse du candidat Hollande, le socialiste explique à 20 Minutes le bien-fondé de cette idée.

Pourquoi croyez-vous dans la technique des récépissés?

D’abord parce que cette mesure n’est pas idéologique, mais efficace. Avec le collectif Stop le contrôle au faciès nous avons auditionné des policiers espagnols ou britanniques qui expérimentent l’utilisation des récépissés. Ils disent que c’est efficace, que cela apaise leur relation avec la population. Il s’agit donc d’une solution pragmatique. Ensuite, elle permet de lutter contre les préjugés et les analyses fondées sur les distinctions physiques. Au final, elle redonne l’impression à toute une partie de la population d’être un citoyen à part entière.

Pourquoi votre gouvernement y a-t-il renoncé?

Parce qu’une partie de la majorité estime que les Français ne sont pas prêts à lutter contre ses préjugés et qu’ils se résignent à cette situation. Mais il faut avoir le courage. Surtout que cette demande vient d’une partie des classes populaire qui est notre électorat. Ils ont raison de se mobiliser, de continuer à demander la mise en place des récépissés car le pire serait de se résigner. Nous avons besoin de la société civile pour avancer.

Manuel Valls a surtout eu peur de brusquer les syndicats policiers…

Oui, peut-être. Mais les policiers français devraient écouter leurs homologues espagnols ou britanniques. Et s’ils continuent à ne pas croire à l’efficacité des récépissés, il faut que nous les convainquions. Les ministres de l’Intérieur et de la Ville se grandiraient d’ailleurs à organiser une rencontre entre la police et ces jeunes pour débattre de ces sujets. La porte ne doit jamais être close. Et si ce gouvernement ne veut toujours pas avancer sur les récépissés, il faut au moins expliquer et trouver d’autres solutions. Sinon, c’est dramatique. Car nous passons notre temps à essayer de convaincre la jeunesse de s’engager et au moment où de nombreuses associations se battent, nous ne pouvons pas simplement balayer d’un revers de la main leurs combats. Ce serait dramatique.

 Propos recueillis par Matthieu Goar

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