Les naufrages tragiques près de Lampedusa ont remis au cœur de l’actualité le voyage des migrants.
À travers plus de deux cents documents,l’exposition Albums au musée de l’Histoire de l’immigration au Palais de la Porte Dorée explore le phénomène migratoire dans la bande dessinée depuis la conception des planches jusqu’à leur réception par le lecteur.
Vincent Marie, commissaire de l’exposition explique sa démarche : une mise en perspective des points de contacts entre le 9è art et l’immigration. La première partie montre comment les histoires personnelles des auteurs de BD ont nourri leurs œuvres, comment leur parcours migratoire à irrigué leurs dessins. Vincent Marie donne l’exemple de José Munoz, auteur entre autres de la série Alack Sinner avec Carlos Sampayo, de Billie Holiday, et illustrateur d’Albert Camus, le premier homme (Futuropolis) :
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L’exposition s’attache à répondre une question : en quoi la bande dessinée en tant qu’art permet d’explorer en dessin, de façon littéraire, la question migratoire ?
Souvent la dimension autobiographique est présente, parfois les auteurs pratiquent une mise à distance par la parodie animalière, ou par des récits de science fiction. Dans Palacinche, une BD reportage, Alessandro Tota et Caterine Sansone reviennent sur le parcours d’une famille de migrants – la propre famille de Caterine. En mélangeant photographies, et planches de BD, ils proposent un métissage audacieux.
La dernière partie de l’exposition observe l’évolution de l’image de l’immigré dans la BD. Vincent Marie explique que l’immigré comme héros d’une œuvre n’apparaît qu’en 1980, avec Farid Boudjellal. Souvent l’imaginaire migratoire était marqué par l’univers aquatique : le voyage migratoire ne se fait qu’en bateau. Mais depuis peu, des parcours à pied ou en avion sont apparus :
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Un exemple de récit migratoire, la BD Là où vont nos pères de Shaun Tan :
Vincent Marie explique le choix de l’œuvre de l’Australien Shaun Tan dans l’exposition Albums. C’est l’histoire sans parole d’un père de famille qui quitte sa famille. Ici, il commente l’image ci-contre :
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Marguerite Abouet, l’auteur de la saga Aya de Yopougon, a vécu 12 ans dans un quartier populaire d’Abidjan, avant de venir s’installer en France. Elle en tire des histoires qu’elle raconte dans Aya… et dansAkissi. En juillet 2013, le film adapté de sa série est sorti au cinéma. Elle évoque ici une immigration joyeuse :