« Lorsqu’un dirigeant politique commence à vouloir ériger des interdictions de partis politiques, ce n’est plus tout à fait un démocrate qui s’exprime. »

La commission des lois était réunie ce mardi pour examiner la recevabilité de « la proposition de résolution de M. Laurent Wauquiez et plusieurs de ses collègues tendant à la création d’une commission d’enquête sur les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations et réseaux soutenant l’action terroriste ou propageant l’idéologie islamiste (n° 1382) ».

Merci, Monsieur le Président. Décidément, ça devient presque une habitude lorsqu’un auteur d’une proposition de loi, en l’occurrence Monsieur Wauquiez énonce comme ça, avec des coups de menton à la télévision ou dans les radios, sa fermeté et sa détermination. Il ne vient même pas la défendre en commission des lois. Et il envoie comme ça des seconds couteaux pour défendre une proposition, qui est une manœuvre assez pathétique et une instrumentalisation dangereuse selon moi, des procédures parlementaires. Parce que si l’on veut vraiment s’attaquer au fondamentalisme religieux et permettez moi de dire qu’en la matière, je crois être assez bien placé pour vous dire que je crois qu’il faut être résolu dans ce combat-là.
On essaye déjà de balayer devant sa porte, et quand on a été, depuis Nicolas Sarkozy en particulier au pouvoir et qu’on a en matière de géopolitique, on s’est inscrit dans une diplomatie dont on a favorisé la géopolitique turbulente qui a permis dans toute une série de pays des bascule qui a permis, notamment en allant faire la danse du ventre en Arabie Saoudite, cœur névralgique notamment du djihad. Et qu’on n’a jamais remis en cause cette doctrine diplomatique. On commence déjà par s’excuser de ce qu’on a fait, parce que ce n’est pas simplement un débat français. On a contribué sur le continent africain en particulier, à favoriser la dissémination de cette idéologie qu’il prétend maintenant combattre. Et c’est un sujet suffisamment grave, à la limite, qui pourrait faire l’objet d’une commission d’enquête et qu’on pourrait soumettre à nos collègues de la commission des affaires étrangères pour ne pas venir de façon si médiocre plonger dans les remugles de la politique politicienne, comme on dit.
En vérité, chacun l’a compris, la seule cible qui est celle de monsieur Wauquiez, c’est un parti politique. La France insoumise. Et je crois savoir que, instruit de l’histoire en général, lorsque un parti, un dirigeant politique commence à vouloir ériger des interdictions de parti, ce n’est plus tout à fait un démocrate qui s’exprime. Et dans les vents mauvais qui sont les nôtres, qui nous entourent, nous les Français, dans un moment où on voit bien que 0 h arrive, où les vents mauvais des tentations autoritaires, des dispositions coercitives, sans doute cultivées par le trumpisme ambiant et un discours, des propositions de plus en plus liberticides, nous assènent tous les jours leur vulgate dangereuse. On voit bien que derrière ce qui est visé, là, c’est bel et bien la mise en cause des partis politiques qui, je le rappelle, comme le dit la Constitution, concourent à la vie démocratique. Et je crois que, en U.R.S.S, on s’est amusé à interdire des partis politiques au Chili, on s’est amusé à interdire des partis politiques. – Je ne sais pas si amuser est le bon terme – et je pourrais vous faire la liste de toutes les dictatures où on a voulu, pour combattre une idée, pour combattre un adversaire politique tout simplement décrété par facilité, par fainéantise intellectuelle, mais par dangerosité d’esprit aussi. Interdire purement et simplement les partis politiques en les interdisant. En vérité, on s’oppose à leurs idées parce qu’on ne sait pas comment faire autrement pour gérer ses propres turpitudes et ses propres turpitudes.
En l’occurrence, c’est précisément ce que je reproche à M. Wauquiez, c’est d’avoir nourri petit à petit dans la société française et dans le débat public avec d’autres, – Ce n’est pas le seul, il est malheureusement bien aidé en cela – cette idée que dans la lutte contre l’islamisme ou contre le fondamentalisme, il y avait quelque chose qui devait être essentialisé, à savoir nos compatriotes musulmans.
Parce que c’est le discours matin, midi et soir que l’on entend. Je pense qu’il faut savoir cela et c’est pour cela qu’il faut absolument dire à Monsieur Wauquiez qu’il doit revoir ces procédures parlementaires.

Seul le prononcé fait foi.