Le dernier livre de Magyd Cherfi, est à lire c’est certain. Pour les amoureux de la langue autant que pour les avocats du cosmopolitisme et des identités plurielles. Pour comprendre, surtout, une part de la France contemporaine et des français d’aujourd’hui. De ses conflits de mémoires et de ses violences tout court, au sein des communautés comme entre elles. Celles faites aux femmes d’abord. Magyd Cherfi donne une représentation exceptionnelle de notre réel. Et ce qui fut est encore… Parolier du groupe toulousain Zebda avant de se lancer dans la chanson en solo, Magyd Cherfi avait publié ces dernières années Livret de famille (2004) et La Trempe (2007). Ma part de Gaulois est sorti en aout 2016 chez Actes Sud.
Citons celui qui raconte le mieux le propos de ce livre :
“Dire que j’écris me gêne, complexe d’ancien pauvre, d’ex-fils-d’immigré, d’épisodique schizophrène car j’suis devenu français. J’ai du mal à écrire car je m’écris et m’écrire c’est saisir une plaie par les deux bouts et l’écarter un peu plus. La plume m’a séparé de mes compagnons d’infortune, tous ces « Mohamed » de ma banlieue nord hachés menus par une société qui a rêvé d’un « vivre ensemble » sans en payer le prix. Je raconte une fêlure identitaire, un rendez vous manqué. C’était l’année 1981, la gauche arrivait au pouvoir la besace pleine de l’amour des hommes et les premiers Beurs accédaient au bac. Le bac, une anecdote pour les Blancs, un exploit pour l’indigène. Tout était réuni pour cette égalité des droits tant chérie. La promesse d’une fraternité vraie semblait frémir.
Pourtant la rencontre de la France et de sa banlieue n’a pas eu lieu, elle n’a toujours pas vu la lumière car l’exception française persiste, celle d’être français et de devoir le devenir…” Magyd Cherfi