Depuis le début de l’intervention française, auxquelles doivent prochainement se joindre des Africains, peu d’attention semble être portée à la situation politique interne au Mali. C’est pourtant à partir d’elle que la démocratie et l’État malien se reconstruiront… ou pas.
Laissons aux spécialistes les commentaires sur la conduite des opérations militaires. Responsables politiques français, nous devons être des observateurs attentifs des rapports de force politiques maliens. Les armes ne parleront qu’un temps, et les urnes devront avoir le dernier mot. En l’occurrence, l’intervention militaire bouleverse la scène politique malienne. La position du capitaine Sanogo, qui s’opposait à une aide extérieure, est fragilisée.
Quelques jours avant la demande expresse de soutien à la France formulée par le président Traoré, l’officier putschiste avait fait positionner des chars autour du palais présidentiel. Il s’agissait officiellement de le protéger des manifestations qui se sont déroulées à Bamako. Il n’empêche que cette décision équivoque, suivie de l’offensive des groupes armés qui occupent le Nord, a fait naître une rumeur persistante à Bamako : une alliance de circonstance entre les groupes armés du Nord et les éléments putschistes de l’armée.
S’en suit une plus grande fragilité du chef des putschistes dans l’opinion. C’est une excellente nouvelle pour les forces civiles et démocratiques qui auront la lourde tâche de reconstruire l’Etat malien et de formuler un nouveau contrat social entre toutes les composantes de la population. Certes 10% des habitants du Nord seulement sont Touaregs. Et la population du Nord ne représente que 10% de l’ensemble du Mali. Mais une concorde nationale authentiquement malienne est le préalable à un bel avenir pour le pays. C’est surtout le meilleur moyen de lutter contre l’influence néfaste de l’idéologie wahhabite venue du Golfe et qui a concouru à la ruine du Nord du pays.
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