« Ni avocats ni juges »

Pouria Amirshahi, secrétaire de la fédération charentaise et secrétaire national du PS, a écrit à tous les militants.
Pouria Amirshahi : « J’ai demandé aux adhérents de ne pas nourrir les spéculations entretenues ici et là. Chaque militant a une lourde responsabilité ». PHOTO ISABELLE LOUVIER

«Sud Ouest». Vous êtes le patron la fédération charentaise du PS, mais aussi secrétaire national chargé des droits de l’Homme. À ce titre, vous participiez, hier, à la réunion du bureau national du parti. Quel en fut l’ambiance ?

Pouria Amirshahi. Il y avait beaucoup d’émotion et de solidarité, et un réflexe naturel de compassion envers l’un des nôtres. Nous avons pensé à lui et à cette fille. Nous avons parlé de présomption d’innocence et de présomption de culpabilité. Cette affaire – aussi dramatique soit-elle – nous dépasse tous. La réunion, au ton solennel, fut marquée par un appel à l’unité du parti. Aujourd’hui, le PS ne doit pas se détourner de son immense devoir de préparer l’alternance politique en 2012. Nous avons un projet. Il s’agit de le défendre.

Sud-Ouest Lundi, vous avez écrit à tous les militants de Charente. Que leur avez-vous dit ?

Pouria Amirshahi Devant l’ampleur médiatique donnée à l’inculpation de Dominique Strauss Kahn, je les ai invités à ne pas entrer dans le monde du sensationnel et à ne pas nourrir les spéculations entretenues ici et là. Nous ne sommes ni avocats, ni juges, ni procureurs. Chaque adhérent de notre parti a une lourde responsabilité auprès de son entourage. Cette histoire – certes dramatique – ne doit pas occulter ce qu’est notre parti, qui a un projet et des objectifs, une direction et une première secrétaire. Je me répète : tous nos efforts doivent être concentrés vers 2012 et la sortie de crise que nous proposons au pays.

Sud-Ouest Ce courrier, était-ce une initiative personnelle ou un mot d’ordre de la rue de Solférino à tous les secrétaires fédéraux ?

Pouria Amirshahi C’est une initiative personnelle. Lundi, j’ai senti un grand trouble chez les militants. Ils étaient pris entre le désarroi, l’effroi et l’incrédulité. Qu’ils soient adhérents de base, élus ou dirigeants, ils avaient besoin – je crois – d’un mot un peu officiel. Dans ces moments difficiles, il faut savoir tenir le cap. Ces quelques lignes s’adressent aussi à tout le monde. Le trouble des militants est aussi celui de tous les Français. Je l’ai vu, chez mes amis, dans mon entourage professionnel. Oui, les gens ont été troublés par ce qu’ils ont vu à la télévision !

Sud-Ouest Vous affirmez, comme tous les autres socialistes, que votre calendrier est inchangé. Quand et comment vont se dérouler ces primaires en Charente ?

Pouria Amirshahi Comme partout en France. Les candidatures seront déposées entre le 28 juin et le 13 juillet. Puis le scrutin se déroulera les 9 et 16 octobre. Tous les socialistes pourront voter, mais aussi tous les électeurs inscrits sur les listes électorales. Il leur suffira de s’acquitter d’un euro symbolique de participation aux frais d’organisation de ces primaires et de signer une charte d’adhésion aux valeurs de gauche. Ici, en Charente, il y aura au moins un bureau de vote dans chaque canton, voire plus. Nous y travaillons. Je pense qu’il y aura entre 45 et 50 bureaux. Ce scrutin mobilisera au moins 150 adhérents.

Sud-Ouest Une question plus personnelle : comment vivez-vous cette affaire DSK ?

Pouria Amirshahi Comme tout le monde… J’éprouve une certaine incrédulité. Soit c’est faux, et cela veut dire que l’on peut tout se permettre pour salir un homme. Soit c’est vrai, et cela est inadmissible et doit être puni. Pour l’heure, je me tiens aux faits. Voilà. J’éprouve aussi un grand sentiment de responsabilité à l’égard des militants et de ceux qui nous font confiance. Ils ont besoin qu’on ouvre le chemin. Il ne faut pas se laisser entraîner dans un débat médiocre et avilissant. Je refuse de rentrer dans une campagne présidentielle qui serait ballottée entre un fait divers insupportable et la vie privée et sentimentale du président de la République. Les Français méritent mieux.