Niger, Côte d’ivoire, Sénégal, Burkina Faso …

A juste titre, certains reprochent aux médias de ne faire écho de la campagne législative, pour l’essentiel, que dans les pays du Maghreb. Pourtant, je me suis rendu autant de fois au Sénégal qu’en Tunisie, en Côte d’Ivoire qu’en Algérie… Mes carnets de campagne en témoignent. Et je prévois de me rendre une nouvelle fois à Conakry et à Niamey, ainsi qu’à Nouakchott la semaine prochaine. Je reviens donc sur ces déplacements passés et à venir et je remrcie les centaines de nos compatriotes qui ont bien voulu m’éclairer sur leur quotidien, leur pays de résidence en même temps qu’ils ont voulu soutenir la dynamique de changement lors de l’élection présidentielle.

Le Niger: une place majeure en Afrique

Nos compatriotes vivant à Niamey (car presque tous y sont maintenant à l’exclusion des autres villes du pays), ont les mêmes préoccupations que ceux des pays riverains. J’y ai rencontré les enseignants, les parents d’élèves et des cadres d’entreprises. Je ne change pas de programme en fonction de mes interlocuteurs et mes réponses furent bien entendu les mêmes et j’ai pu les développer grâce notamment à Françoise Houet qui a organisé ces rencontres libres et très concrètes en même temps.

Qu’ils me pardonnent si j’évoque ici un autre aspect, qui les concerne pourtant directement : la situation du Niger, un an après l’accession démocratique à la présidence de la République de Mahmadou Issoufou et 3 mois après le début de la grave crise malienne. Car c’est aussi dans ce contexte fragile que vivent nos compatriotes.

Je n’ai pas pour habitude de me fier aux seules autorités, mais il se trouve que je connais le président de la république du Niger (je représentais Martine Aubry et le parti socialiste pour son investiture officielle le 7 avril 2011) et que les grands axes de sa politique me semblent majeurs : le développement de l’agriculture souveraine (les 3N : les Nigériens Nourissent les Nigériens) et l’éducation. Je sais que des aides européennes existent, que l’AFD est également présente. Mais insuffisamment à mon sens. Le Niger peut être un levier de développement et de stabilité pour toute la sous région sahélienne…ou au contraire devenir le point de rencontre de toutes ses contradictions. La France devra aborder courageusement son partenariat stratégique avec ce pays. Y compris dans le domaine de la sécurité. J’ai évoqué ce sujet avec M. Issoufou lorsqu’il nous a reçu en audience, avec Daniel Granier, notre élu à l’Assemblée de Français de l’Étranger et Nathalie Prévost une camarade précieuse pour comprendre le pays et ses enjeux. Mais il y a aussi la situation au Mali, qui subit les conséquences non seulement de la faillite de l’Etat malien, mais aussi de l’inconséquence de la stratégie française post-libyenne, qui a laissé seuls les Etats de la CEDEAO trouver les réponses au chaos naissant. Deux mois après ce déplacement, François Hollande a été élu président de la République et, parmi ses premières annonces, il a été affirmé un soutien à toute démarche concertée de l’Union africaine et de la CEDEAO. C’est un changement de discours et de stratégie bienvenu… Bien sûr, il faut un dialogue avec l’Algérie, mais ma conviction est que pour aider nos amis Maliens, il faudra aussi empêcher le Niger d’aller vers une nouvelle déstabilisation. L’affaire malienne n’est pas un fait divers de l’Histoire présente, mais un événement qui peut avoir des conséquences graves pour les trois continents : Afrique, Asie Mineure et Europe…

En Côte d’Ivoire, l’espoir d’un apaisement durable.

C’est peut-être en Côte d’Ivoire que j’ai rencontré les plus improbables histoires d’amour entre les Français et le pays d’installation, à l’image de ce retraité de Grand Bassam qui était venu passer 8 jours à Grand Bassam et y est encore 12 ans après. Nos compatriotes ne vivent pas en vase clos. Comme tous les ivoiriens avec qui ils vivent au quotidien, ils s’attachent à la paix civile et au développement économique du pays. Ils y contribuent, même s’ils ont leur part de difficulté, comme dans les autres pays, liées aux barrières de l’argent qu’ils doivent surmonter pour assurer leur vie de famille : frais d’écolage, accès à la protection sociale, etc. Nous y répondrons. Comme je l’ai déjà évoqué lors de mon précédent déplacement, entreprises ne se résignent pas, malgré les promesses d’indemnisation qui en sont restées au stade des belles paroles. Elles innovent dans tous les domaines, et en particulier dans le domaine de la formation professionnelle. Je les soutiendrai, dès lors qu’elles s’inscrivent, comme c’est le cas pour la plupart d’entre elles, au développement de l’économie du pays. Merci à toutes celles et ceux que j’ai eu la chance de rencontrer, en particulier à Jacky et à Jacques qui nous ont accueillis chez eux avec plus de 40 compatriotes incarnant cette pluralité française à l’étranger.

Sénégal: ces français qui vivent loin de Dakar.

Cette fois, après Saint-Louis, où j’avais promis de me rendre à nouveau, je me suis arrêté à Saly, à Mbour avant de rejoindre Dakar. De ce deuxième déplacement de campagne, je veux revenir sur ce dont je n’ai pas eu le temps de rendre compte dans mon carnet de campagne d’avril, même si l’on retrouve des problématiques déjà rencontrées à Thiès, à Waoundé ou encore à Tambacounda et que j’avais évoquées.

À Saly, la représentation consulaire est tout à fait significative du recul des services publics à l’étranger, au même titre que dans nos départements ruraux où les quartiers délaissés de France. Insuffisante en personnels et en moyens eu égard au nombre important de Français (près de 1500) qui s’y sont installés ces années-ci, notre mission repose ici sur l’engagement bénévole de quelques-uns, coincés entre les exigences légitimes de nos compatriotes et les contraintes budgétaires imposées à notre Consulat général. Comme à Kanel, le besoin d’écoute et d’aides dans leurs démarches de toutes sortes (inscription consulaire, état-civil, couverture maladie, conseils divers,…) a été exprimé par beaucoup de nos compatriotes. Décidément, la France marche sur la tête depuis quelques années, en croyant pouvoir se contenter de relais si pauvres pour assurer l’accueil et l’accompagnement de nos concitoyens dans tous les domaines de la vie.

A Saly comme ailleurs la faiblesse d’une protection sociale solidaire se font sentir : le montant de la cotisation à la Caisse des Français de l’Étranger (CFE) reste encore inaccessible à trop de nos compatriotes, même à la 3ème catégorie « aidée »(60 euros par mois !) ; de même, la rétroactivité de 24 mois d’adhésion exigée avant toute inscription à la CFE est une aberration. J’ai pu présenter à nos compatriotes nos propositions dans ce domaine. Quant à la défiscalisation de 75% de nos pensions de retraites, les étrangers du Sénégal restent en attente de la traduction en actes des annonces faites par le nouveau président Macky Sall. Voilà un sujet que je devrais mettre en priorité de la liste des choses à faire avancer par notre Ministre des Affaires étrangères.

Après Saly, il y eut MBOUR, et une campagne de terrain, un « porte à porte » qui m’avait bien manqué dans cette campagne tant cela reste difficile à organiser ici. Plus que les meetings et les rencontres, c’est l’occasion de pénétrer au cœur des foyers, d’appréhender « de visu » et presque de toucher du doigt la vie les problèmes, parfois même les détresses des gens, mais aussi leur formidable rayonnement auprès de leurs amis sénégalais : tel pharmacien, telle boulangère qui se sentent tout autant français que sénégalais, que libanais… Je veux ici les remercier de leur accueil très chaleureux.

Ouagadougou: désir de Changement pour la France, diversité des métiers consulaires, politiques de développement et situation malienne.

Pour ce deuxième déplacement de campagne (voir le compte-rendu du premier ici), j’étais accompagné de notre Sénateur Richard Yung. Comme lui-même s’est attaché à faire un compte-rendu de ce déplacement, je laisse place ici à sa plume numérique, sur son site Internet. Je précise néanmoins à toutes fins utiles que la rencontre avec notre ambassadeur s’est faite à l’occasion de la venue de Richard Yung et non de moi-même, car notre ambassadeur ne saurait être impliqué en aucune manière par la campagne électorale. J’ajoute également au compte-rendu de notre sénateur que j’ai pu à nouveau, à de nombreuses reprises, évoquer avec nos compatriotes les nouvelles possibilités de coopérations que permettent désormais des sociétés civiles en plein éveil. Il faudra compter avec, c’est sans doute par là que passe la fin d’une diplomatie désuète. Il faut dire que, comme à Niamey, c’est à Ouagadougou que j’ai eu les échanges les plus passionnés sur la fin de la FrançAfrique, échanges que j’ai goûtés avec d’autant plus de plaisir que voilà des années que je m’engage pour refonder nos rapports de coopération et de parteneriats.