Mandana, Patrick, Léa, Ronan, Ferielle, Chamseddine, Armin. Dans les locaux de Nouvel Horizon à Saint-Denis, nous rencontrons les professeurs et chefs de pôle de l’association. Nous découvrons aussi les visages des élèves, Afghans et Iraniens, des femmes et des hommes qui sont arrivés pour certains il y a six mois, pour d’autres il y a cinq ans. Toutes et tous suivent assidûment le cours dispensé par Ferielle à quelques jours des fêtes de fin d’année et des bonnes résolutions.
Autour de grenades, de quelques viennoiseries et d’un thé, tour à tour, ceux qui sont le cœur battant de Nouvel Horizon présentent leurs activités, leurs parcours, leurs visions. Ronan était éduc’ spé’ « logement et errance » avant et anime désormais le pôle social avec Léa. Ils parlent tous les deux persans parfaitement, accompagnent les élèves dans leurs démarches administratives et parfois médicales, soulagent la charge mentale. Patrick, professeur à la retraite, qui aime la danse et le théâtre, prodigue une approche corporelle de la langue. Mais également une approche rassurante : « l’apprentissage de la langue française doit leur donner confiance, ils sont chez eux ». Armin est le chef du pôle culturel. Après avoir fait le constat que la situation de demande d’asile pesait sur les élèves de l’association, il a décidé de donner des cours de peinture, de sport également. « On avait peur que personne n’ait envie d’y aller, mais le cours de sport est complet ! » nous livre Mandana avec enthousiasme. Mandana est le liant entre toutes et tous, elle supervise, présente les différents pôles et les problèmes rencontrés, donne la parole aux uns et aux autres, les met en avant. Chamseddine quant à lui, se tient discret dans un coin de la pièce, et prend des photos de tout le monde. Il est responsable de la communication. De temps en temps, il hoche la tête avec gravité lorsque l’on parle du parcours douloureux de la migration.
Autant de personnes qui constituent des ressources essentielles pour les exilés qui sont désormais leurs élèves. Ils parlent des situations administratives ubuesques ou de leur peur de voir désespérer les élèves face aux obstacles. Ils parlent surtout de leur souhait de faire de la langue française le creuset du lien social, de l’intégration, de la mixité. De la nécessité de faire évoluer le paradigme autour duquel l’apprentissage de la langue française se construit. Sortir de l’approche punitive, donner un droit dès l’arrivée en France, promouvoir la langue comme lieu de transfert des cultures, des identités et des savoirs.
Une photo de la promotion précédente est accrochée au mur, ces alumnis sont devenus artistes, travailleurs dans le bâtiment, mécaniciens, ont fondé des familles et se sont installés en Île-de-France. Je demande s’ils viennent de temps en temps les visiter. « À Nouvel Horizon on aime faire la fête, on aime la joie, ils reviennent oui ! » me répond Mandana en pointant du doigt une photo de groupe, tous enjoués.