PFAS et Polluants éternels dans l’eau de Paris : s’informer et agir.

@Gabriel Gauthier

PFAS et Polluants éternels dans l’eau de Paris : s’informer et agir.

Le mardi 20 mai 2025, nous avons organisé à la Bourse du travail une réunion publique sur le sujet de l’eau et des polluants éternels (PFAS). En effet, un article du journal Le Monde qui révélait les résultats d’une étude produite par Générations Futures avait suscité l’inquiétude de nombreuses personnes qui m’ont contacté.

L’eau est un bien commun et à ce titre ne saurait être laissée entre les mains d’intérêts industriels et de logiques de profit à court terme. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la Ville de Paris, dès 2010, avait décidé de faire de l’eau une politique publique et d’en assumer la régie directe. Les alertes sanitaires récentes – comme celles sur les eaux en bouteille – ravivent les inquiétudes mais permettent aussi des prises de consciences citoyennes sur la nécessité impérative de renforcer les contrôles et les sanctions. 

Pour articuler mobilisations et alertes des associations avec les politiques publiques protectrices de la santé humaine et du vivant, j’ai ainsi proposé de réunir des acteurs du syndicalisme, des ONG et des élus locaux et nationaux.

Kildine Le Proux de la Rivière, membre de l’association Générations Futures, est revenue sur la nature et l’histoire de la famille des PFAS, ces polluants éternels aux effets délétères sur la santé. Elle a présenté les résultats d’une étude menée par son association, révélant des taux très élevés de TFA dans l’eau parisienne – une substance encore non réglementée en France, mais déjà encadrée dans d’autres pays européens.  Une faille majeure du droit environnemental.

Dan Lert, adjoint à la maire de Paris en charge de la transition écologique, a rappelé que ce n’est pas aux consommateurs de payer les dégâts causés par les pollueurs. C’est pourquoi Eau de Paris a porté plainte contre X pour établir des responsabilités claires. Il a aussi souligné que si l’eau parisienne respecte actuellement les normes sanitaires sur certains PFAS, le TFA reste en dehors du cadre réglementaire, ce qui pose un grave problème. Le coût croissant du traitement de l’eau, qui se répercute sur les usagers, appelle des réponses systémiques. Il a également salué l’efficacité de la conversion au bio des agriculteurs autour des zones de captage, le TFA étant principalement issu de certains pesticides.

Nicolas Thierry, député écologiste de Gironde, a présenté les avancées de la loi sur les PFAS qu’il a portée à l’Assemblée nationale. Cette loi qui vise à interdire les PFAS, offre désormais un cadre juridique clair, empêchant les industriels de se réfugier derrière le flou réglementaire pour échapper à leurs obligations. En plus de l’interdiction des PFAS dans les produits du quotidien, l’instauration d’une taxe sur les rejets industriels de PFAS notamment dans l’eau constitue une avancée importante, susceptible de financer la dépollution. Il faudra continuer d’être vigilant sur sa mise en œuvre. 

Benoît Martin, de la CGT, a apporté un éclairage indispensable sur les conséquences pour les travailleurs : ceux qui manipulent ou sont exposés aux PFAS dans leur activité professionnelle sont les premiers touchés par ces pollutions invisibles. Il a rappelé que les scandales sanitaires touchent d’abord celles et ceux qui font tourner la vie économise et sociale parisienne. Pour lui, les problèmes de santé au travail s’inscrivent dans la continuité logique des problèmes de santé publique : ils appellent une réponse politique cohérente, structurée et solidaire.

Charlotte Nenner, ma suppléante, a rappelé que, malgré tout,  l’eau du robinet reste un choix plus écologique,  économique, et protecteur que l’eau en bouteille  parce que cette dernière pollue 3 fois : à la production, par les perturbateurs endocriniens qu’elles contiennent, et à cause des déchets qu’elle génère. Elle a insisté sur la nécessité d’une action citoyenne et collective pour faire évoluer les usages, les comportements et les réglementations autour de l’usage de l’eau.

Tout au long de la soirée, les participant·es ont pu poser leurs questions, souvent très précises et engagées, et les intervenant·es ont pris le temps d’y répondre. Les échanges se sont poursuivis dans un moment informel, convivial et constructif.

L’action publique et l’action politique doivent se nourrir mutuellement pour pouvoir faire face aux puissances guidées par une logique de rentabilité, qui met en péril à la fois les citoyens et l’environnement. Ces forces ignorent les limites d’une planète aux ressources finies et mènent une bataille contre les normes, au détriment du bien commun.

Il est nécessaire d’ouvrir des espaces critiques, comme celui de ce soir, pour faire converger les luttes sociales, environnementales, politiques et syndicales.

Au plaisir de se retrouver pour une prochaine discussion citoyenne sur un autre thème. 

Pouria Amirshahi

Député de Paris