Marianne : Quel est l’objectif de votre plateforme de « l’Appel des 100 » ?
Pouria Amirshahi : Faire des propositions au gouvernement pour la mise en place d’une politique économique et budgétaire qui entraîne le pays vers la croissance et permette une redistribution des richesses plus équitable. Pour l’instant, la seule politique économique, c’est la politique du « serrage de ceinture ». Or nous pensons, nous les parlementaires de l’Appel des 100, que ça risque de produire l’effet inverse de celui recherché par l’exécutif. C’est pourquoi nous proposons une série de mesures pour redresser la France, mais en partant d’un autre postulat : nous ne sommes pas dans une crise de l’offre, mais bel et bien dans une crise de la demande. Et puis, pour employer de grands mots, nous sommes entrés dans une période historique où les parlementaires sont en train de réaffirmer leur statut d’élus de la nation, donc indépendants du gouvernement. On prendra certainement la mesure plus tard du sens de cette démarche politique.
Quand on observe l’intransigeance de Manuel Valls et François Hollande ces derniers mois, pensez-vous vraiment avoir une quelconque chance de faire bouger les lignes ?
Il ne faut jamais renoncer au débat. On peut toujours réussir à convaincre. Surtout que les indicateurs économiques nous donnent raison à tout point de vue. Par ailleurs, afin d’éviter de se voir répondre que ce que nous proposons n’est pas faisable nous sommes restés dans le cadre des économies budgétaires fixées par le gouvernement. Certaines des mesures que nous avançons ne sont dictées que par le bon sens comme par exemple sur le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice). C’est une aide qui va être distribuée aux entreprises sans aucune condition particulière. C’est une aberration et c’est même dangereux. C’est pourquoi nous proposons de réduire et de conditionner ces baisses d’impôts sur les entreprises et de les faire bénéficier aux acteurs qui investissent vraiment dans certains secteurs.
Quel est l’étape suivante ? Certains commencent à évoquer une convergence des forces de gauche ?
Ça cause à gauche et c’est tant mieux. Mais il n’y a pas de trajectoire ou de plan écrit à l’avance. Nous n’avons pas pour objectif de créer une nouvelle organisation politique. La suite, pour l’heure, c’est le Parlement. Notre idée, c’est de porter sous la forme d’amendements les mesures proposées dans notre texte lors de la prochaine discussion budgétaire avec deux axes principaux : un rééquilibrage macro-économique entre les aides distribuées aux entreprises et celles consenties aux ménages et, dans le même temps, une diminution et une conditionnalité des baisses d’impôts dans le cadre du Cice.
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