Rassemblement du 17 mai 1997, Paris, place de la République
Où va l’Algérie?
Deux forces s’y combattent. L’Etat d’un côté, les groupes armés islamistes de l’autre. La guerre a pris des formes et une violence inédites surtout depuis la prolifération de milices dans les zones rurales et suburbaines. La censure de l’information ne permet pas toujours de mesurer leur rôle dans le déchirement du tissu social surtout quand on sait que les propriétaires de l’Etat favorisent la segmentation des forces politiques et régionales et exploitent les peurs identitaires pour mieux dominer la société.
Les tensions qui opposaient l’Etat et la société tout particulièrement depuis octobre 1988 n’avaient aucune raison de sortir du cadre pacifique où elles s’exprimaient. C’est l’Etat autoritaire qui a bouleversé par sa politique, depuis les élections de décembre 1991, les termes du conflit en bloquant toute évolution vers la démocratisation du pays. Les chefs de l’armée qui ont capturé cet Etat à leur profit nourrissent un projet dont la confiscation de la rente pétrolière et l’enrichissement sont les seuls moteurs. Ils jouissent sans réserve de la puissance de fait que leur confère leur position et la caution des bailleurs de fonds internationaux. Leur refus de tout dialogue sérieux avec l’opposition politique est incontestable. Ce n’est donc pas sans raison que l’opinion algérienne ne répond pas à leurs appels et les considère comme une force menaçante qui ne procède pas d’elle même.
Face à eux, les groupes armés d’opposition qui se réclament d’un Islam exclusiviste se trouvent dans une situation où ils n’ont à rendre de compte ni à une autorité politique (l’Etat l’a réprimée, brisée et dispersée) ni à la société. Ainsi s’expliquent leurs pratiques guerrières identiques à celles de militaires et des milices, les massacres scandaleux et condamnables, la mise en oeuvre du principe de la responsabilité collective à l’égard de familles entières. Dans l’évolution du drame, le rôle de « la communauté internationale » ne saurait être sous estimé. La France notamment n’aurait pu se mêler des affaires algériennes avec une aussi bonne conscience en se liant à travers réseaux et officines aux militaires algériens, si elle n’avait été invitée à le faire. Le temps des jeux troubles est révolu. Nous nous devons de les dénoncer et de les mettre à nu.
Algérien ou amis du peuple algérien, partisans de la fraternité et de la coopération entre les peuples sur une base d’égalité, nous croyons qu’une action plus vigoureuse et plus soutenue de l’opinion française et internationale en faveur de la paix est une condition nécessaire mais non suffisante d’un règlement politique. Il faudrait aussi une réconciliation des Algériens entre eux et une volonté commune de reconstruire un pays exsangue, rongé par une guerre civile qui n’a que trop duré.
Premiers signataires
Mohamed HARBI (Historien), Abdelmalek SAYAD (Sociologue), Tassadith YACINE (Anthropologue), El Hadi CHALABI (Juriste), Sami NAIR (Politologue), Leïla SEBBAR (Ecrivain), Lahouari ADDI (Politologue), Nabil FARES (Ecrivain), Malek CHEBEL (écrivain), Abdelkader YEFSAH (Universitaire), Ahmed ROUADJIA (Politologue), Nourredine ABDI (Sociologue), Fatiha TALAHITE (Economiste), Saïda RAHAL SIDOUM (Univasitaire), Eliman ABDOU (Linguiste), Brahim YOUNSI (Sociologue), Fouad HAKIKI (Economiste), OULD BRAHAM Ouahmi (Editeur), Hassan BOUABDELLAH (Cinéaste), Amina KADI (Universitaire), Samia MESSAOUDI (Journaliste), M’barek REDJALA (Universitaire), Ramdan ACHAB (Universitaire), Ahcène TALEB (Militant Associatif), Medjahed BOUABDELLAH (Cadre Commercial), Djamel OUBECHOU (Universitaire), Ghania MOUFFOK (Journaliste), Mustapha MOHAMMEDI (Militant Associatif), Aïcha TOUATI (Sociologue),…
Appel soutenu par
Personnalités : Abraham SERFATI (Militant des Droits de 1’Homme), Hamida OUADENNI (Directeur de Communication), Abderrahim REZIGAT (Cadre), Kamel JENDOUBI (FTCR), Younes OTHMAN (Démocratie Tunisie Maintenant), Driss ELYAZAMI (LDH), Omar SAGHROUCHNI (USFP), Khalid ZNIBER (Journaliste), Abdelbaki FETHI (Syndicaliste), Halima THIERRY BOUMEDIENE (Militante Associative), Ahmed MENAI (écrivain), Saïd BOUZIRI (Militant Associatif), Abderrahim HAFIDI (Politologue), Tariq RAMADAN (Universitaire), Karim AZOUZ (Syndicat UGTEF), Salah BACHIR (Journaliste), Zakia DAOUD (Journaliste), Mondher SFAR, Mouloud AOUNlT (MRAP), Fodé SYLLA (SOS Racisme), Annie MECILI, Carlos BRAVO (FASTI), Pouria AMIRSHAHI (UNEF Indépendante et Démocratique), Madeleine REBERIOUX (Ligue des Droits de l’Homme), Robert VERDIER (Ligue des Droits de l’Homme), Gérard TRENOIR, …
Organisations : Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux rives (FTCR), Association des Travailleurs Marocains en France (ATMF), Ligue des Droits de l’Homme (LDH), SOS Racisme, Maghreb Espoir (Valenciennes), Comité Intemational Pour la Paix en Algérie, Comité Algérie pour la Paix (Canada), MJS, MRAP, CIMADE, FIDH, FASTI, Collectif contre la Violence (Lyon), UNEFID, Association Arabe des Droits de l’Homme (ASADH),…
Organisations Politiques : Parti Socialiste, Front des Forces Socialistes, Ligue Communiste Révolutionnaire, Parti Radical Socialiste, Convergence Ecologie Solidarité, …
voir en ligne : Aller sur le site de l’appel