Pour une réelle volonté francophone

J’ai participé, le 19 juin dernier, aux XIVe entretiens de la Francophonie à Lyon, événement sous la présidence de Monsieur Michel Guillou, Directeur de l’Institut international pour la Francophonie (Iframond), et en présence du Président Abdou Diouf,  Secrétaire Général de l’OIF.

Cet événement, sur le thème de « La Francophonie: quel projet pour quel avenir? », a été pour moi l’occasion de présenter les principales propositions du rapport Pour une ambition francophone, pour lequel j’ai été rapporteur, et de rappeler d’urgence d’apporter un renouveau au projet francophone, à quelques semaines du XVe Sommet de la Francophonie qui aura lieu à Dakar.

Vous trouverez ci-dessous les actes de mon intervention:

 

 

POUR UNE REELLE VOLONTE FRANCOPHONE

Pouria AMIRSHAHI

 

 

Mesdames et Messieurs bonjour,

D’abord merci au Président Guillou, pour cette invitation, et, au-delà de cette invitation, pour la détermination francophone qui est la sienne, sa capacité à convaincre, à ne rien lâcher et à essayer de transmettre quelque chose qui n’est pas simplement un héritage du passé, mais il l’a très bien dit dans son introduction, une grande promesse d’avenir.

Cette promesse francophone qui vaut pour elle-même, je vais en dire quelques mots, mais elle vaut aussi dans la mondialisation pour toutes les autres langues qui peuvent coexister entre elles dès lors qu’elles s’assument pour ce qu’elles sont, pour ce qu’elles ont à s’apporter l’une l’autre, contre le risque d’uniformisation triste et standardisée du monde.

Affiche 20 mars 2012 Bis4.cdrJe vais vous présenter – je crois que c’est la demande qui m’a été faite – quelques réflexions issues de la mission d’information parlementaire formulées dans le Rapport (qui est téléchargeable sur mon site ou celui de l’assemblée pour ceux qui voudraient le lire), adopté à l’unanimité en janvier 2014, suite à une année de travaux, de réflexions et d’auditions. Cette mission avait été lancé à ma demande pour les mêmes raisons que celles exposées par Michel Guillou à l’instant. J’ai le sentiment que, pardon de l’expression un peu convenue parce qu’on l’emploie souvent, la Francophonie est à la croisée des chemins et que c’est sans doute dans ce moment précis d’une mondialisation qui va vite, qui percute les identités, qu’il est possible peut-être de reformuler ensemble, c’est-à-dire avec toutes les sociétés, nations, cultures francophones qui le voudraient, une nouvelle ambition francophone dans la mondialisation.

À partir de cette ambition, on a procédé à de nombreuses auditions dans tous les domaines et on s’est un peu échappé des auditions habituelles, même si elles étaient incontournables, celles des « institutionnels » comme on dit, pour aller rencontrer des artistes, pour aller rencontrer des scientifiques, pour aller rencontrer des gens évidemment en dehors de France, moi-même étant élu d’une circonscription étrangère puisque je suis l’élu des Français établis en Afrique du Nord et de l’Ouest.

Je n’entrerai pas ce matin dans le détail des propositions de mon rapport, sur la mobilité des personnes dans un espace francophone ou encore sur l’enjeu fondamental de la traduction. Je ferai du décor général qu’a donné Michel Guillou ma propre introduction, c’est-à-dire qu’on est dans une mondialisation où se réorganisent des aires géoculturelles autour de langues centrales et on voit très bien aujourd’hui comment les lusophones (Angola, Mozambique, Brésil, Portugal…), les hispanophones, les arabophones (dont une partie maghrébine est – encore – francophone) s’organisent à partir de la langue, rayonnent et pèsent dans cette mondialisation. D’abord parce qu’ils ne peuvent pas peser seuls comme nations isolées et ensuite parce qu’ils ont beaucoup de choses, de pensées, d’inventions, de sciences, de normes à faire valoir à partir de leur langue partagée et ils créent à partir de là des potentiels, y compris économiques, intégrés les uns les autres.

Dans cette nouvelle donne, il est clair que les francophones ne sont pas les plus organisés et parmi les francophones, les Français, sans doute les plus velléitaires, faisant souvent de grandes déclarations et puis chutant à la fin sur une absence assez sidérante d’ambition à partager, à formuler, alors même qu’il y a de grandes possibilités.

J’ai donc proposé d’orienter la Francophonie vers une stratégie de convergence de contenus : contenus éducatifs, contenus scientifiques, contenus économiques, pour proposer à d’autres pays francophones qui le souhaiteraient, de s’unir à la fois pour cultiver un sentiment d’appartenance et aussi pour défendre une communauté d’intérêts dans cette mondialisation.