39 ans dont près de vingt-cinq d’engagement Pouria Amirshahi, né en Iran, a quitté Paris pour la Charente en 2005 afin de faire une coupure. Il est plus que jamais engagé au PS, avec Martine Aubry.Il est engagé à fond dans le combat de la primaire socialiste à la présidentielle. Il est membre de l’équipe de campagne de la première secrétaire, Martine Aubry, en charge de «la mobilisation militante». Il est depuis 2008 secrétaire national du PS, chapitre coopération, francophonie, aide au développement et droits de l’homme. La fonction l’a conduit en Afrique francophone ces derniers mois. Elle pourrait lui offrir un marchepied pour devenir député des Français de l’étranger dès l’année prochaine. «Je ne sais pas encore si je serai candidat: il y a une chance sur deux», modère l’intéressé.
Pouria Amirshahi construit patiemment et fermement son parcours. À 39 ans, il a déjà plus de vingt ans de militantisme derrière lui, sur tous les fronts: associatif, syndical, politique. En posant ses valises en Charente fin 2005, recruté par le conseil général comme responsable de la circonscription d’action sociale de Charente limousine, il souhaitait faire une coupure. Il venait de perdre deux êtres chers: sa mère et un ami très proche. «J’ai eu envie de quitter Paris, de retourner à l’établi. J’ai passé un concours de la fonction territoriale. J’ai répondu à la première annonce que j’ai vue.» Le virus de l’action l’a vite repris.
Trois ans plus tard, il devenait premier secrétaire de la fédération du PS charentais, coiffant au poteau, dans une ambiance tendue, la candidate «royaliste» Annie Lavoix. «On a laissé les clés de la maison aux trotskistes», avait alors soupiré le député Jean-Claude Viollet.
Depuis, le «trotskiste», ou du moins le tenant de l’aile la plus à gauche du PS, a rallié Martine Aubry la réformiste, dans le sillage de Benoît Hamon. Pouria Amirshahi rêve toujours de changer le monde. «Mais pour y parvenir, il faut être en situation de prendre le pouvoir», estime-t-il. Et si Martine Aubry ne passait pas la primaire, il foncerait tout autant pour celui ou celle qui sera désigné. «On ne peut pas revivre 2002 en 2012. Il faut gagner!»
Un engagement qui vient de loin
L’engagement a quelque chose de viscéral chez lui. Il vient de loin: d’une famille iranienne et francophile. «C’est un héritage, une transmission. Ma mère était très engagée, surveillée par la police du Shah, la savak. Ma grand-mère appartenait au PC iranien. Elle avait présidé le comité de défense des prisonniers politiques. Elle avait à l’époque appelé le soutien de Jean-Paul Sartre dont elle était devenue une amie.»
Ses jeunes années en France, où il est arrivé à 5 ans, ont conforté durablement sa capacité d’indignation. «Je suis souvent en colère, y compris contre mon propre camp.» Pouria Amirshahi a grandi à Saint-Denis, aux portes de Paris, «avec des émigrés, des Blacks, des Beurs, et j’ai vu de près la discrimination et le racisme». Il se souvient des railleries sur son nom, «difficile à prononcer». «Mais mon identité est française. Je ne fais pas de schizophrénie entre mon pays d’origine et la France.»
Il n’avait même pas 15 ans quand il a participé à ses premiers défilés, durant l’hiver 1986-1987, contre le projet Devaquet. Il n’allait plus s’arrêter. En 1994, étudiant en droit, il devient à 22 ans le plus jeune président que l’Unef ait jamais eu. «Et le premier d’origine étrangère.» Il a eu, dans cette fonction à la tête du principal syndicat étudiant, d’illustres aînés, tous devenus des cadres du PS: Jean-Christophe Cambadélis, Philippe Darriulat, Christophe Borgel. Il est sur la même voie.
L’oeil noir, l’esprit en éveil permanent, le verbe facile qui ne laisse pas deviner qu’il fut un enfant bègue, Pouria Amirshahi a une vraie force de persuasion. «Il est honnête et sincère. C’est un type intelligent qui a un vrai sens du collectif», estime Alain Morange, l’un de ses amis, conseiller municipal à Angoulême. Il a aussi ses détracteurs. «J’aime bien quand il met sa casquette dans les manifs, pour faire ouvrier ou gavroche», persifle l’un d’eux.
De son engagement à l’Unef, il a gardé une allure de jeune étudiant et la fraîcheur de convictions exigeantes. De sa déjà longue expérience des appareils, il a acquis un sens aigu de la manoeuvre pour parvenir à ses fins. Il est méthodique, attentif aux détails, habile à tisser sa toile. Il a nourri un long résumé de son parcours sur Wikipédia. Il sait à propos livrer une tribune sur des supports choisis, Politis, Mediapart, Rue 89, ou Le Monde diplomatique. Engagé et branché. Il confesse sur son blog ne pas être un as de Tweeter. «Je n’ai toujours pas compris comment ça marche… Mais j’ai au moins compris qu’on pouvait aussi faire la révolution avec. Ça peut servir», s’amuse-t-il. Il a près de 2 000 mille amis sur Facebook. Et ce n’est sans doute qu’un début!
1972. Naissance à Shemiran, en Iran.
1977. Sa famille se réfugie en France. Enfance à Saint-Denis, lycée à Paris.
1994. Président national du syndicat étudiant Unef-ID jusqu’en 1998.
2005. S’installe en Charente, employé à l’action sociale au conseil général.
2008. Premier fédéral du PS Charentais, secrétaire national aux droits de l’homme, chargé de mission à la Cité de l’image et de la BD.
Septembre 2011. Se met en disponibilité pour se consacrer à la campagne présidentielle du PS.