Pour l’amitié franco-allemande contre l’austérité qui conduit aux populismes en Europe, assumons enfin la confrontation politique avec Angela Merkel !
Alors qu’on se focalise aujourd’hui sur la lutte pour la moralisation de la vie politique, ce qui est sans nul doute utile, rien ne saurait justifier que nous passions à côté de la principale cause de la morosité ambiante : la désespérance des peuples européens face à l’accumulation des plans de rigueur menés sans discernement en Europe.
Lutter contre l’austérité
Car ce qui désespère les peuples, c’est avant tout le sentiment d’impuissance des gouvernements qui mettent en œuvre ces plans d’austérité décidés sous la pression des marchés sans perspective de rebond pour ceux qui les subissent alors que le chômage se généralise. La crise morale est le fruit de la crise sociale, pas de telle ou telle dérive individuelle quelle qu’en soit la gravité et contre laquelle nous luttons avec détermination.
Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour prendre vraiment conscience du danger qui nous menace ? Resterons-nous impassibles face aux exactions d’Aube dorée qui se développe en Grèce sur le terreau désespérant des injonctions de la troïka ? Resterons-nous insensibles au basculement de l’Italie dans une majorité « de fait » populiste aux accents anti européens ? Si nous n’y prenons garde, c’est le projet européen lui-même qui risque de sombrer faute de combattant.
Enfin, serions-nous inconscients du danger qui nous menace chez nous au point de renoncer à agir, comme tétanisés par la perspective de devoir établir un salutaire rapport de force en Europe ? La perspective d’une déferlante frontiste dont l’effet dévastateur serait cette fois accentué par la multiplication des alliances sauvages avec l’UMP nous laisserait-elle de marbre ? D’autant qu’alors, il sera illusoire de compter sur les effets protecteurs d’une digue morale, qui ne saurait constituer le seul horizon de la démocratie française.
Aujourd’hui il y a urgence à réorienter notre trajectoire commune. L’Europe est plongée dans la spirale des raisonnements à courte vue, des égoïsmes nationaux qui conduisent au malthusianisme budgétaire, d’un temps de retard systématique pris pour régler les crises.
Mettre en place le pacte de croissance de 120 milliards d’euros
Dans la « tension amicale » qu’il appelle de ses vœux, le président de la République est fondé à poser à notre principal partenaire une question simple : où est passé le pacte de croissance de 120 milliards d’euros ? Celui-là même qui nous permettrait de mettre en œuvre l’indispensable transition énergétique et de préparer les filières d’avenir ou de relever le défi de la mobilité durable.
Ayons la lucidité de le reconnaître et de le dire sans détour : Angela Merkel et sa politique à courte vue de l’intérêt national mènent l’Europe dans le mur. L’alignement, à la demande du gouvernement allemand, des politiques économiques et monétaires des États-membres sur son modèle économique est en train de faire imploser ces derniers les uns après les autres. Au point de légitimer les discours souverainistes les plus régressifs et de susciter des réactions chaque jour plus imprévisibles et explosives.
Il est de la responsabilité de la France de porter le discours de la vérité parce que plus que jamais le couple franco-allemand doit constituer à la fois le moteur et le point d’équilibre de l’Europe.
Nous, députés et responsables politiques socialistes, soutenons le président de la République dans sa volonté de faire vivre de façon pleine et entière l’indispensable « tension amicale » qu’il appelait récemment de ses vœux.
Aujourd’hui, il est plus que temps de passer des déclarations à l’action pour déployer le pacte de croissance de 120 milliards d’euros, indispensable contrepartie pour l’activité et l’emploi, de l’effort sans précédent d’assainissement des finances publiques que nous avons engagé.
Les signataires : Pouria Amirshahi, Philippe Doucet, Laurent Baumel, Christian Assaf, Sylviane Alaux, Isabelle Bruneau, Jean-Louis Destans, Hervé Féron, Laurent Kalinowski, François Kalfon, Fabrice Verdier, Jean-Philippe Mallé, Stéphane Travert, Jean-Pierre Blazy, Michel Lesage, Frédéric Roig.
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