Mes cher(e)s camarades,
je voudrais commencer par remercier Martine Aubry d’avoir, il y a un an exactement, proposé qu’on lie, au sein de la direction nationale du parti, la question des droits de l’Homme, la question démocratique et les questions de développement et de coopérations. C’était au mois de mai, à cette époque j’étais secrétaire national aux droits de l’Homme et j’ai évidemment accepté cette mission. On a vu combien il s’est passé de choses depuis et qui ont fait écho à cette formidable ambition. Ce n’est pas étonnant, pour les socialistes, de lier en permanence ces deux faces du progrès, ce que les tunisiens ont magnifiquement appelé l’alliance du pain et de la liberté. Ce n’est pas étonnant et, en même temps, cela nous a permis de revisiter un certain nombre de vérités établies par d’autres et d’ouvrir une nouvelle période de coopération, d’émancipation et de prospérité des deux côtés de la Méditerranée.
Pendant très longtemps, on nous a expliqué que beaucoup de ces peuples du Moyen-Orient, du Maghreb, du Mashrek étaient otages de dictatures – ce qui était vrai, otages de régime corrompus mais voilà, ces peuples ont pris leurs responsabilités. Aujourd’hui en Tunisie, et dans bien d’autres pays, on a vu comment ces peuples en mouvement, ont mis à bas des certitudes et des régimes et ont ouvert, eux, la voie à une nouvelle possibilité de développement, à une nouvelle promesse démocratique.
De ce point de vue, ce qui se passe a une importance historique majeure. Guillaume Bachelay parlait tout à l’heure de la grande crise de la révolution libérale commencée dans les années 70. Il y a trente ans commençait au même moment une autre révolution conservatrice, en Iran, incarnée par l’imam Khomeyni se répandant comme une traînée de poudre et qui a façonné, figé des relations internationales. Cette contre-révolution réactionnaire est-elle aussi aujourd’hui remise en cause, ce qui nous ouvre des perspectives neuves.
Ces perspectives, nous les avons intégrées dans notre projet. Les peuples eux-mêmes commencent à lever une hypothèque, en ayant lutté contre la corruption, pour la dignité, pour la démocratie. C’est maintenant à l’Europe de jouer, c’est à la France de prendre ses responsabilités. Nous voyons ce qu’il se passe dans toute la Région, par des révolutions comme en Tunisie et en Egypte, mais aussi par des élections, comme au Niger, ce pays où se jouent tellement d’enjeux y compris pour notre sécurité collective. Dans les domaines du développement et de la coopération, il faudra évidemment mettre le paquet, car il ne s’agira pas seulement d’aider des peuples en difficulté – bien sûr que le cœur des socialistes penche naturellement vers cet altruisme – mais il s’agit aussi de nos sécurités collectives, il s’agit de comprendre que, là où il n’y a pas d’Etat, là où il y a une déségrégation du tissu social, là où il existe des boums démographiques que personne ne maîtrise, alors se développement toutes les peurs sur lesquelles prospèrent les pires obscurantismes, les pires hypocrisies. C’est aussi contre ces peurs qu’il faudra lutter.
Nous agirons aussi dans le domaine ô combien stratégique de la francophonie. Pas au nom de je ne sais quelle nostalgie passéiste, mais parce que nous avons des liens historiques, fraternels et stratégiques à construire, avec les peuples d’Afrique de l’Ouest en particulier, ceux avec qui nous avons en partage les plus belles choses : une langue, des cultures et aussi, d’une certaine manière, une certaine vision du monde. C’est pourquoi nous avons commencé par dire que nous stopperons le démantèlement en cours des alliances françaises et des coopérations culturelles et que nous avancerons en bâtissant un vrai audiovisuel extérieur, un Erasmus francophone et aussi en inventant, pourquoi pas, à travers un passeport de la francophonie, quelque chose qui nous permette de cimenter ces identités communes et de construire ces ponts dont nous avons tant besoin entre les deux rives de la Méditerranée, plutôt que ces murs, ces grillages et ces bateaux du désespoir.
Tous ces projets sont aussi une alternative à ce que Monsieur Sarkozy, avec l’aide Monsieur Guéant, instille en permanence : le rejet de l’autre, la négation des identités et la stigmatisation des étrangers. A tel point que, par je ne sais quelle confusion des esprits, il finit par s’en prendre à ses propres compatriotes, ces 8 millions de bi-nationaux qui sont français et viennent parfois d’ailleurs à qui les autorités demandent aujourd’hui de choisir entre ce qui fonde leur identité républicaine et ce qui serait à la source de leurs origines. Ces propos sont inacceptables pour tous, mais aussi pour ces deux millions de français qui travaillent à l’étranger et qui contribue au rayonnement de la France, qui contribuent au développement. A-t-on seulement une seule seconde osé affirmer que celles et ceux de nos compatriotes qui travaillent à New-York, à Dakar ou Bamako volent le pain de ceux qui vivent là-bas ? Non, bien sûr, car ce sont aussi par eux que passent les possibilités de coopérations, les échanges de culture. C’est aussi cela la promesse que nous portons dans le projet socialiste.
Discours de Pouria Amirshahi à la convention… par PartiSocialiste