Quelques mots sur l’abolition…

Depuis la parution dans Le Monde du 21 septembre dernier, d’un appel de parlementaires favorables à une loi d’abolition de la prostitution, je reçois sur ma messagerie électronique de nombreux messages. Certains courtois, d’autres très agressifs.

Je reste convaincu de la nécessité de poser une norme, protectrice. J’ajoute que les pays qui ont « libéralisé » voire « légalisé » la prostitution non seulement comptent beaucoup plus de prostituées (ce dont on ne pourrait se réjouir) mais ont aussi ouvert plus grand encore les vannes des trafics et des mafias du sexe.

Poser l’abolition comme norme ne signifie pas la prohibition comme règle. Car l’objectif n’est pas de faire entrer dans une précarité encore plus aggravée les personnes prostituées. C’est de dissuader les personnes d’y recourir. C’est de lutter, surtout, contre les deux mamelles (si je peux me permettre l’expression) du système prostitueur : la sordide cupidité des mafias d’une part et l’irresponsabilité des clients de l’autre.

Il ne s’agit pas de culpabiliser ces derniers, ni même de les faire passer pour des salauds. Ce serait presque trop facile. Et contre-productif. Un peu comme insulter les électeurs du Front National. Je crois en la pédagogie de l’opinion, dans le débat argumenté. Je ne balaie aucun des arguments qui m’ont été transmis, insultes mises à part, et je conçois parfaitement l’ardente obligation des parlementaires de ne pas faire de leur morale personnelle la loi universelle. Mais j’attends qu’on me dise, si la démarche abolitionniste n’était pas la bonne, par quelle autre la remplacer. Sauf à considérer que, consubstantielle à toute société humaine, la prostitution serait au pire une marginalité acceptable, au mieux une liberté de commerce. Ou l’inverse. Mais alors quelle servitude vaudrait d’être combattue si celle-ci n’était pas déclarée comme telle ?

Faute de réponse à cette question, je reste persuadé de la pertinence autant que de la vertu de l’argumentation abolitionniste.